MONTRÉAL — Se disant «fortement ébranlé» par les allégations d’inconduite sexuelle formulées contre lui, l’animateur et producteur Éric Salvail prend une «pause professionnelle».
Cette décision est survenue dans la foulée de nombreuses allégations rapportées mercredi dans le quotidien La Presse. Onze personnes ont raconté aux journalistes du quotidien — 10 sous le couvert de l’anonymat, mais un a accepté que son nom soit publié — avoir subi des inconduites sexuelles, ou en avoir été témoins, de la part du populaire animateur Éric Salvail.
Depuis, son émission de télévision «En mode Salvail» et celle qu’il animait à la radio, «Éric et les Fantastiques», ont été suspendues.
«J’aborde cette situation avec énormément d’empathie pour tous ceux et celles à qui j’aurais pu causer un malaise ou quelque forme de préjudice que ce soit. Je n’ai jamais eu l’intention d’indisposer quiconque», écrit l’homme âgé de 48 ans dans une courte déclaration publiée sur sa page Facebook.
La personnalité, très présente sur la scène artistique québécoise, souligne qu’il va prendre une pause de quelques jours afin de faire le point sur les événements.
Mercredi matin, Groupe V Média a décidé de suspendre l’émission «En mode Salvail» des ondes de son réseau de télévision dès mercredi pour une période indéterminée, à la suite des allégations visant son animateur.
L’entreprise évalue également présentement sa relation d’affaires avec la maison de production Salvail & Co, et, dans un communiqué, écrit qu’elle n’émettra aucun autre commentaire pour le moment.
Depuis, la page web de l’émission «En mode Salvail» a été retirée.
M. Salvail a aussi été suspendu de son rôle d’animateur de l’émission «Éric et les Fantastiques», diffusée sur les ondes de Rouge FM, jusqu’à nouvel ordre. L’émission va être remplacée par une autre.
Le transporteur aérien Air Transat, qui avait lancé un concours «Direction en mode Salvail avec Air Transat», le maintient pour ne pas priver les gagnants de leur prix, dit-il, mais a décidé d’annuler la présence d’Éric Salvail à l’activité promotionnelle organisée.
Les supermarchés Métro ont aussi décidé de suspendre leur entente publicitaire avec l’animateur et producteur Éric Salvail.
Aucune des allégations contre Éric Salvail n’a été prouvée devant un tribunal.
Réactions des politiciens
Réagissant aux allégations, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a déclaré qu’il est temps que les harceleurs sachent que leurs comportements inacceptables ne resteront pas impunis.
Questionné à ce sujet mercredi matin dans les couloirs de l’Assemblée nationale, M. Lisée a tenu à saluer l’homme qui a fait la dénonciation à visage découvert.
Il estime de plus que M. Salvail doit avoir l’occasion de donner sa version des faits.
«Mais je pense qu’on est dans une époque où la pression doit être renversée et que les harceleurs et les présumés harceleurs doivent être complètement sur la défensive et savoir que ces comportements sont inacceptables et vont être dénoncés et vont avoir des conséquences», a déclaré le chef.
Et si c’est le cas, on va avoir fait un «gain social majeur», estime-t-il.
La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a aussi rappelé que toute personne a droit à la présomption d’innocence.
Elle a toutefois qualifié les actes rapportés dans les allégations de «révoltants».
La ministre estime aussi qu’il est crucial que les victimes puissent dénoncer si elles le souhaitent, mais qu’il ne faut pas les forcer. «Il faut encourager les victimes d’actes à aller chercher de l’aide», et il faut qu’il y ait des ressources, a-t-elle poursuivi.
Le maire de Montréal Denis Coderre a déclaré «qu’Éric est un ami». Il s’est toutefois dit «assez troublé, voire bouleversé et un peu révolté» devant les allégations, prenant soin de rappeler que toute personne a droit à la présomption d’innocence.