Ils sont pareils. Absolument et parfaitement tous pareils. Les «dénoncés», qu’ils soient accusés d’agressions sexuelles ou d’autres formes d’abus de pouvoir, réagissent tous e-x-a-c-t-e-m-e-n-t de la même façon quand leur grosse balloune de gars gonflé leur pète en pleine face.
Premièrement, ils se rebiffent et s’inscrivent en faux en se demandant qui est assez effronté pour ainsi s’en prendre à eux. Froissés dans leur ego tout empesé, ils vont même jusqu’à laisser planer leur désir d’intenter au plus sacrant des poursuites en diffamation afin de faire taire ces grandes trappes qui colportent ces choses – ô combien laides et mensongères – sur leur compte.
Quand un gars n’a pas l’habitude de se faire tasser dans le coin, c’est en gueulant comme un putois qu’il croit pouvoir s’en sortir.
Ensuite – ça arrive généralement après une deuxième, une troisième ou même une quatrième dénonciation –, ils écrivent une lettre d’excuses trempée dans de l’eau de snif-snif. La conscience subitement ramollie, ils admettent avoir parfois manqué de jugement envers certaines personnes. Pas toujours, juste parfois. Dans le genre coupable, mais pas tout à fait.
En ajoutant du bout des doigts combien ils n’auraient jamais pu deviner que leurs agissements pouvaient blesser des gens de leur entourage. S’ils avaient su, bien sûr que… Généralement, ils attribuent ces tristes manières à des pratiques d’un autre temps. À la belle époque où on laissait les gros pas de classe circuler librement, j’imagine.
Ces ascètes des beaux lendemains, vous les connaissez. Ailleurs, ils s’appellent Weinstein, Spacey ou Louis C.K. Ici, ils portent les noms de Salvail, Rozon, chef Apollo ou Sylvain Archambault. Tout d’un coup, l’honorable maître Aubut doit se sentir moins seul dans sa gang. On gage combien qu’il voudra devenir président du CA du nouveau comité des sages? C’est plus fort que lui : être au top, il adore ça.
Notez que ces hommes, fraîchement bardés de bonnes intentions, larguent toujours une dernière bombe en annonçant qu’ils vont maintenant s’accorder un moment de recul, histoire de laisser retomber la poussière. Jusque-là, seuls maîtres après Dieu auprès de leur cour, c’est à leur tour de vouloir purifier leur âme dans le silence.
L’image est tellement belle que c’est quasiment tentant d’y croire. Ç’a l’air que ces jours-ci, dans les ashrams, on parle d’installer des portes tournantes afin d’accueillir cette impressionnante vague de repentants qui n’en finit plus de débouler.
Dimanche, le réalisateur Archambault, glorieux dernier en lice, avait publié un excusatum où il remerciait tout le monde «à l’avance pour la deuxième chance que vous me donnerez». Vous remarquerez que l’absence de conditionnel dans sa missive lui permettait alors d’espérer que l’univers lui devait clairement une reprise. Hu-hum…
Vingt-quatre heures plus tard, après avoir bien pensé à son affaire en compagnie de sa productrice, il annonçait qu’il allait finalement se retirer du tournage de la série Mensonges 4.
En précisant que «le climat de suspicion qui s’est récemment installé dans le milieu artistique à son égard limiterait sa créativité et l’empêcherait d’offrir le niveau de professionnalisme auquel ses partenaires de plateau sont en droit de s’attendre». Exactement ce que je disais : dans sa tête, certes un peu coupable, mais pas tout à fait. Méchant milieu, va…
Dire que tout ceci ne serait pas arrivé si tout le monde avait continué à se fermer la gueule…
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