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Les profs n’ont pas peur des débats

Dans une lettre au Devoir, des professeurs de l’Université Laval ont dénoncé des propos haineux et violents contre les chercheurs en sciences sociales. Il s’agit d’une situation qui me confronte directement dans mon travail de blogueur et qui me vaut parfois des commentaires fort méprisants. C’est pourquoi j’en parle aujourd’hui.

Voici un extrait de cette lettre:

«Depuis quelques années en effet, et de façon plus récurrente en 2016-2017, certains chroniqueurs (radios, quotidiens de presse) et leurs lecteurs et auditeurs s’évertuent à émettre des propos haineux et des violences verbales peu subtiles aux chercheur.es universitaires qui, en prenant la parole dans l’espace public québécois, assument leur responsabilité sociale en éclairant scientifiquement des enjeux sociaux sensibles tels que la misogynie et l’homophobie, et des tensions liées à l’immigration et à la religion, ou encore le racisme, l’islamophobie et autres formes de radicalisations violentes ou menant à la violence.»

La première réaction est de penser à ce que l’on appelle souvent les radios-poubelles. Mais on retrouve parfois ce genre de propos méprisants dans les grands quotidiens. Un exemple. Dans son éditorial du 20 janvier dernier, François Cardinal annonce une section débats en mode solution. Il pose les questions: comment faire partie de la solution et non du problème? Comment faire avancer le débat public plutôt que de le cliver? 

Pourtant, dans la même édition du 20 janvier, en flagrant délit des belles intentions de l’éditorial, La Presse publie une lettre d’un lecteur en réponse à celle des professeurs de Laval sous le titre «Des profs qui ont peur du débat». Comme propos méprisants et haineux, qui dit mieux? Voici quelques expressions tirées de la lettre:

Et j’en passe.

Je ne vois vraiment pas en quoi ces propos peuvent faire partie de la solution et participer à un débat éclairé.

Je n’ai pas peur des débats. Mon blogue essaie de discuter des enjeux fort complexes de la migration de façon accessible, mais sans tomber dans la vulgarité ni la démagogie. J’essaie de présenter des arguments basés sur des faits. Bien sûr, les faits ne sont jamais univoques et mes interprétations peuvent être contestées, mais je m’attends de ces constatations qu’elles fassent référence à une argumentation étayée, informée. C’est cela le vrai débat. Me traiter de traître ou me dire que j’aurais dû prendre ma retraite au Zimbabwe, comme quelqu’un me l’a écrit, ce n’est pas de l’argumentation, ce n’est pas un débat, c’est du mépris, voire de la violence à peine voilée.

Évidemment, il faut respecter la liberté d’expression, mais encore faut-il le faire correctement et non avec des expressions méprisantes et haineuses.

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