MONTRÉAL — Pour la Coalition avenir Québec, l’immigration est «un problème à régler» plutôt qu’une «occasion extraordinaire pour le Québec», estime le premier ministre Philippe Couillard.
Le premier ministre et chef libéral a rencontré la presse, mardi à Montréal, pour officialiser la nomination de l’homme d’affaires Alexandre Taillefer à titre de président de campagne pour la prochaine élection. À cette occasion, il s’en est une fois de plus pris aux positions de la CAQ en matière d’immigration.
La CAQ propose d’abaisser le niveau d’immigration de 50 000 à 40 000 personnes par année et de veiller à une meilleure intégration des immigrants, tant au plan de l’emploi que de la francisation. La CAQ veut également soumettre les nouveaux arrivants à un «test des valeurs».
L’Actualité vient de dévoiler la plateforme électorale de la CAQ en la matière, qui se veut plus précise: en plus d’un test des valeurs et d’un test de français pour les nouveaux arrivants, la CAQ demanderait que le candidat à l’immigration occupe un emploi ou fasse des démarches en ce sens. Un Certificat d’accompagnement transitoire serait émis, valide pour trois ans.
Les candidats qui échoueraient à trois évaluations ou qui refuseraient de s’y soumettre verraient le gouvernement fédéral les relocaliser ou les expulser.
Un candidat répondant aux critères recevrait finalement un Certificat de sélection du Québec, rapporte L’Actualité.
Brouillonne, dit Couillard
«C’est un autre exemple de proposition de la CAQ et de monsieur Legault qui est brouillonne, disons-le, et inapplicable à plusieurs égards. Et ce qui sous-tend ce discours-là, c’est le fait que l’immigrant est un problème; c’est un problème à régler, alors que c’est une occasion extraordinaire pour le Québec», a commenté M. Couillard.
À ses côtés, M. Taillefer a souligné que le Québec avait historiquement été «nourri» par l’immigration. Il y voit là «une force inouïe».
Ça ne se peut pas, dit Lisée
À Québec, le chef péquiste Jean-François Lisée a repris une partie des propos de M. Couillard, trouvant lui aussi inapplicable la politique caquiste. La CAQ s’affaire à «proposer des affaires qui ne se peuvent pas», a conclu M. Lisée.
Qu’adviendra-t-il au bout de trois ou quatre années, si le candidat à l’immigration échoue son test? a demandé M. Lisée à voix haute. La CAQ va attendre que le gouvernement fédéral expulse le candidat, mais le fédéral ne le fera pas, donc le candidat restera au pays quoi qu’il advienne, a conclu M. Lisée.
Le PQ préfère privilégier la connaissance du français du candidat avant son arrivée au Canada, afin de faciliter son intégration.
La CAQ réplique
La CAQ s’est à son tour défendue d’être brouillonne avec ses propositions.
«Ce qui est brouillon, c’est la tentative des libéraux de Philippe Couillard de cacher le problème sous le tapis, a répliqué la porte-parole du parti pour ces questions, Nathalie Roy. Il y a des problèmes d’intégration des immigrants au Québec, mais les libéraux refusent de l’admettre. Après 15 ans de régime libéral, le taux de chômage des immigrants après 5 ans est de 15 pour cent, il y a plus d’un immigrant sur quatre qui quitte la province et l’immigration en région est déficiente.
«La proposition de la CAQ vise à s’assurer que les gens qui viendront s’établir définitivement ici parlent français, adhèrent à nos valeurs et désirent occuper un emploi. Les libéraux sont rendus à mentir sur nos propositions et les démoniser», a-t-elle ajouté.