Je passe deux jours au sommet DetermiNATION, événement de réflexion collective sur la manière de sortir de la Loi sur les Indiens. Des panels sont organisés ainsi que des cercles de discussion, où chefs, Allochtones, jeunes Autochtones et aînés réfléchissent à des moyens de contrer les systèmes coloniaux en place. J’y suis avec des ami(e)s de partout sur le territoire canadien. C’est le genre d’événement où on peut entendre des choses sur les différentes initiatives autochtones au pays et échanger sur ce qui marche ou ne marche pas.
Les tentacules de la Loi sur les Indiens s’étendent dans plusieurs sphères et nuisent aux Autochtones dans toutes les facettes de leur vie. J’ai assisté à une plénière sur l’éducation et sur les façons d’«autochtoniser» les institutions scolaires. J’y pense souvent car, pour plusieurs universités, décoloniser, c’est seulement mettre des plumes dans un coin de l’école et organiser une journée à saveur autochtone une fois par année. Je me suis exprimée sur la non-reconnaissance de la tradition orale, si sacrée pour nous, par les universités. Il est aussi décourageant de constater le nombre de personnes dans la salle qui n’ont jamais fini l’université à cause de problèmes de racisme. Il est fréquent que nos savoirs ne soient pas reconnus et que des professeurs nous donnent de mauvaises notes pour nos travaux, faute de compréhension.
J’ai entendu plusieurs réflexions intéressantes, notamment sur la manière dont nous sommes forcés d’apprendre dans les classes. Plusieurs d’entre nous viennent de communautés très traditionnelles, et le simple fait de s’asseoir la majeure partie de l’année dans une classe devant un professeur ne convient pas comme méthode d’apprentissage. Nous apprenons plutôt dans la forêt ou au cours des cérémonies. C’est aussi un problème décrié au Québec en général : les enfants ont besoin de bouger, de créer, de rire et de sortir dehors. Les méthodes d’apprentissage doivent être diversifiées si on veut que les enfants ne voient pas l’école comme un fardeau.
Une sourde parlait aussi des différentes langues des signes. Moi qui ai été sensibilisée à ce sujet durant la tournée Faut qu’on se parle, j’ignorais encore l’ampleur de la diversité des langues autochtones des signes. C’est une nécessité pour plusieurs sourds de se réapproprier leur langue et leur culture. Cette sourde se disait chanceuse d’avoir une mère qui s’exprime par signes elle aussi, car elle a pu apprendre ses traditions grâce à cette langue. Plusieurs sourds autochtones ne sont pas dans cette situation et se font envoyer dans des écoles adaptées, loin de leur réserve. Ils doivent donc attendre d’aller à l’université pour avoir accès à des ressources et à un peu de leur histoire. Selon la même femme, on sous-estime souvent le nombre de sourds au Canada, ce qui entraîne un désintérêt collectif quand vient le temps de penser à des ressources pour eux.
Les réflexions de DetermiNATION s’étendront sur deux jours. Je vous en dirai plus sur les causes entendues au cours de l’événement. À suivre!