MONTRÉAL — Les libéraux vont miser une fois de plus sur ce qui a fait leur force dans le passé pour inverser la tendance et gagner les prochaines élections: la promesse de stabilité économique.
La menace protectionniste provenant des États-Unis pourrait bien donner du carburant aux libéraux de Philippe Couillard, qui commencent déjà à prétendre que la stabilité économique du Québec sera mieux préservée en maintenant le gouvernement actuel au pouvoir le 1er octobre.
C’est ce discours que tenait l’ex-premier ministre Jean Charest, en 2008, alors qu’il était à la tête d’un gouvernement minoritaire en pleine crise financière mondiale. Il réclamait alors d’avoir «les deux mains sur le volant» pour mieux gérer la situation et avait gagné son pari, formant un gouvernement majoritaire en décembre 2008.
Samedi, lors d’une mêlée de presse en marge du conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ), le président de la campagne des libéraux, Alexandre Taillefer, a repris à son compte la métaphore en disant lui aussi qu’il fallait avoir «les mains sur le volant» pour «amener l’économie du Québec à bon port».
Ce n’est «pas le temps de changer le chirurgien en plein vol», a-t-il illustré.
«On vit actuellement une grande période d’instabilité», a renchéri le premier ministre Philippe Couillard, dans son discours de clôture.
Il misera sur le fait que son gouvernement «a fait ses preuves» en matière de gestion économique, pour convaincre les électeurs de se détourner de la CAQ de François Legault.
«Ce n’est pas un moment pour ajouter à l’instabilité», a ajouté le chef libéral en point de presse.
Contrairement à lui, François Legault «n’a pas démontré» qu’il avait la compétence requise pour gérer une période d’instabilité économique, selon lui.
Tous les sondages des derniers mois placent la Coalition avenir Québec (CAQ) loin devant le PLQ dans les intentions de vote. À quatre mois à peine du jour du scrutin, la nervosité commence à être palpable parmi les libéraux, à la recherche de l’idée forte qui changera la donne.
Sur la scène internationale, l’environnement économique «devient de plus en plus complexe», a commenté pour sa part le ministre des Finances, Carlos Leitao, en faisant référence à la hausse de tarifs sur les exportations canadiennes d’acier et d’aluminium décrétée cette semaine par le gouvernement américain.
«L’avenir demeure incertain», selon M. Leitao, qui plaide pour continuer à «gérer les finances publiques de façon très prudente», en ajoutant que ses prévisions de croissance économique tenaient toujours la route, «pour l’instant» du moins.
Il s’est fait tout de même rassurant, affirmant qu’en cas de ralentissement économique, le Québec pouvait compter sur une bonne marge de manoeuvre financière.
On parle «de marges de prudence qui sont très substantielles», sans compter une réserve de stabilisation autour de 3 milliards $ en cas de coup dur.
Cette attitude de prudence devra d’ailleurs se refléter dans la liste et l’importance des engagements qui figureront dans la plateforme électorale des libéraux, a soutenu M. Leitao, qui prévoit une croissance économique inférieure dans les prochaines années à celle enregistrée en 2017.
Le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a fait valoir de son côté que les libéraux allaient présenter aux électeurs «l’offre la plus pertinente et la meilleure» de tous les partis. Dans sa proposition, le PLQ cherchera à trouver l’équilibre entre justice sociale et responsabilité financière, a-t-il soutenu.
Le conseil général qui se tenait samedi à Montréal était le dernier rassemblement des libéraux avant le rendez-vous électoral de l’automne. Quelques centaines de militants étaient réunis pour faire le point avant la campagne électorale et rencontrer quelques-uns des candidats.
Le discours du chef était en fait une longue énumération des réalisations du gouvernement en quatre ans.
Les militants libéraux ont pu entendre la sommelière Jessica Harnois, venue parler en français et en anglais de son expérience, comme de son intention de se porter candidate.
La nouvelle candidate dans Saint-Laurent, Marwah Rizqy, a soulevé l’enthousiasme de la foule, en traçant avec aplomb un bilan élogieux du gouvernement libéral.
L’ombre menaçante du chef caquiste, François Legault, a plané sur le rassemblement, alors que le leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier a tracé devant les militants un portrait peu élogieux de l’adversaire, décrit comme un homme plein de contradictions et inapte à gouverner.
M. Fournier, qui a choisi de ne pas se porter candidat aux prochaines élections, a insisté pour dire que l’enjeu du scrutin serait «l’économie d’abord, plus que jamais».
Quatre ministres (Pierre Arcand, Dominique Anglade, Gaétan Barrette et Sébastien Proulx) ont longuement énuméré la liste des réalisations du gouvernement. Fait à signaler, trois des quatre ministres (Mme Anglade, M. Barrette et M. Proulx) qui ont pris la parole proviennent des rangs de la CAQ ou de son ancêtre, l’ADQ.
Le premier ministre a profité du conseil général pour annoncer que s’il est réélu il s’engage à offrir la gratuité des services de garde pour les enfants âgés de quatre ans, qu’ils soient en CPE ou dans une garderie subventionnée. La mesure coûtera 250 millions $ par an.