QUÉBEC — Le nombre de classes de maternelle 4 ans en milieu défavorisé au Québec passera de 289 à 400 dès la prochaine rentrée scolaire.
Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, en a fait l’annonce, lundi, à l’école Sainte-Geneviève de Québec.
Il investit ainsi 130 millions $ sur cinq ans dans la création de ces classes, dans l’acquisition de matériel éducatif et de littérature jeunesse, et dans la formation des intervenants en éducation préscolaire.
Des agents de transition seront également embauchés dans chaque commission scolaire pour soutenir l’entrée des enfants à l’école, a-t-il indiqué.
De plus, le gouvernement crée une table de travail sur l’éducation préscolaire, qui lancera ses travaux dès le 26 juin prochain.
Elle sera présidée par la doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, Monique Brodeur, et aura comme mandat de réfléchir au renforcement de la formation du personnel enseignant qui travaille au préscolaire.
Par ces mesures, le ministre Proulx dit tenir compte de l’étude publiée en mars 2017 par la professeure Christa Japel de l’UQAM, qui faisait état d’un manque de moyens dans les classes de maternelle 4 ans depuis 2013, ainsi que d’un manque de formation pour les enseignants.
«Cette étude-là est très importante, ça a été pris en compte, a déclaré M. Proulx, qui note toutefois que les travaux de Mme Japel datent de «certaines années». J’ai annoncé ce matin du matériel supplémentaire encore, de la formation toujours, on réfléchit aux façons d’assurer que les locaux soient adéquats.»
Le gouvernement Couillard place la réussite éducative des enfants de quatre ans au coeur de sa stratégie en éducation, à quatre mois des élections.
Samedi, le premier ministre Philippe Couillard a profité du conseil général de son parti pour annoncer que s’il est réélu, il s’engage à offrir la gratuité des services de garde pour les enfants âgés de quatre ans, qu’ils soient en CPE ou dans une garderie subventionnée. La mesure coûtera 250 millions $ par an.
Le gouvernement dit favoriser une implantation graduelle des maternelles 4 ans à temps plein en milieu défavorisé, en complémentarité avec les services de garde éducatifs à l’enfance.
En comparaison, la Coalition avenir Québec (CAQ) propose d’offrir la maternelle 4 ans gratuite, mais non obligatoire, à tous les enfants du Québec.
Le ministre Proulx se livre depuis une semaine à un véritable blitz d’annonces en éducation, un thème cher à la CAQ. Il a déjà annoncé plusieurs milliards de dollars d’investissements pour la rénovation et la construction d’écoles, ainsi que pour l’achat d’outils technologiques dans les écoles, cégeps et universités.
«Non, (l’ajout de classes de maternelle 4 ans) n’est pas une réponse à la CAQ, s’est-il défendu lundi en mêlée de presse. Voilà déjà plusieurs années qu’on y travaille. (…) Ce que propose la CAQ, c’est 2 milliards $ d’investissements dans le béton, ensuite tenter de trouver tous ces enseignants, ensuite d’offrir des services à tous les enfants.»
«Manque d’ambition», répond la CAQ
Le gouvernement Couillard manque d’ambition dans sa stratégie de déploiement des classes de maternelles 4 ans, a rétorqué la CAQ, lundi.
«L’objectif de la prématernelle 4 ans est de dépister les troubles d’apprentissage le plus tôt possible et d’offrir des services professionnels adaptés à nos tout-petits», a affirmé le porte-parole de la CAQ en matière d’éducation, Jean-François Roberge, par voie de communiqué.
«Il faut un véritable chantier, pas des annonces à la pièce, afin de permettre à tous les parents qui le désirent d’envoyer leur enfant de 4 ans en prématernelle, dans un milieu scolaire, avec les meilleures ressources à leurs dispositions», a-t-il ajouté.
Selon lui, au rythme où le gouvernement libéral ouvre les maternelles 4 ans, cela prendra 50 ans avant que tous les enfants au Québec puissent y avoir accès.
«Pas dans la bonne direction», applaudit le syndicat
Pour sa part, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) voit d’un bon œil l’ajout de 111 classes de maternelle 4 ans à temps plein en milieu défavorisé.
Mais elle déplore l’annonce «tardive», qui pourrait compliquer notamment l’embauche du personnel enseignant.
«C’est une annonce qui va dans le sens de ce que la CSQ et ses fédérations ont toujours prôné: l’importance d’agir tôt pour donner aux enfants, notamment en milieu défavorisé, toutes les chances de réussir, puisque les premières années de vie sont cruciales pour leur développement futur», a affirmé la présidente de la CSQ, Louise Chabot, dans un communiqué.
Elle rappelle par ailleurs qu’au-delà de l’ouverture de nouvelles classes de maternelle 4 ans, «il faut aussi se préoccuper de la qualité des services offerts, notamment en diminuant le maximum d’élèves par classe, en assurant l’accès à de la formation continue pour le personnel enseignant, en donnant accès à des services professionnels et de soutien aux tout-petits, et en fournissant des aménagements physiques et matériels adaptés».
La CSQ considère que l’ajout de matériel éducatif adapté ainsi que de livres jeunesse pour les élèves de maternelle est un pas dans la bonne direction. Elle applaudit aussi la «complémentarité» des services entre les classes de maternelle 4 ans et les services éducatifs à la petite enfance.