Dans la controverse récente entourant l’annulation des spectacles SLAV et Kanata, les jeunes libéraux penchent résolument du côté des manifestants.
L’aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) réclame du gouvernement toute une série de mesures destinées à faire une plus grande place à l’avenir aux Autochtones et aux minorités ethniques, de même qu’à leurs revendications, dans les productions culturelles subventionnées par l’État.
Les organismes de soutien financier des productions artistiques, comme la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et le Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ), seraient donc incités à inclure des membres des minorités ethniques et des Autochtones «dans le processus créatif des productions artistiques qui concernent leurs traditions culturelles et historiques».
Les projets déposés qui réserveraient une place aux minorités auraient ainsi plus de chance de recevoir du financement gouvernemental ou de recevoir un soutien financier plus substantiel.
Cette question fera partie des enjeux débattus par quelques centaines de jeunes libéraux samedi en congrès annuel à Montréal, en présence du premier ministre Philippe Couillard et de la députation libérale, réunie en caucus préélectoral en marge de l’événement.
Les jeunes libéraux disent vouloir sensibiliser la population «aux subtilités du concept d’appropriation culturelle».
En conférence de presse mercredi, le président de l’aile jeunesse du PLQ, Stéphane Stril, a soutenu qu’il ne voyait aucunement dans les revendications des jeunes libéraux une atteinte à la liberté d’expression des créateurs et des artistes.
«La liberté est absolument primordiale dans cette question-là. Il ne faut pas du tout que l’une des deux questions vienne brimer l’autre», a-t-il fait valoir pour justifier sa position.
Mais il nuance aussitôt sa déclaration pour estimer que «ces groupes-là doivent être écoutés, on doit leur tendre l’oreille, leur tendre la main», surtout si les oeuvres en cause «les touchent directement», selon M. Stril.
En juillet, deux spectacles reliés au metteur en scène Robert Lepage, SLAV (un hommage aux chants d’esclaves) et Kanata (une relecture des relations entre le Canada et les Premières Nations produite par le Théâtre du Soleil, à Paris), ont été annulés, à la suite de protestations de certains membres de la communauté noire, dans le premier cas, et d’Autochtones, dans le second.
«Il faut encourager le dialogue» entre créateurs et minorités, et faire en sorte que la diversité démographique du Québec paraisse à l’écran et sur la scène, a fait valoir le président des jeunes libéraux.
À l’heure actuelle, la scène artistique est «encore très blanche», dit-il, pas assez diversifiée pour refléter le tissu démographique du Québec, particulièrement à Montréal.
Il note que les manifestants qui revendiquaient l’annulation de SLAV étaient «beaucoup trop agressifs», en s’attaquant «de façon disproportionnée» à ceux qui avaient conçu le spectacle et ceux qui souhaitaient le voir. Ce genre de dérapage «ne doit plus arriver», a-t-il espéré.
Autour du thème «Milléniaux, en avant!», les jeunes militants libéraux, qui ont entre 16 et 25 ans, devront aussi se prononcer ce week-end sur d’autres propositions, parmi lesquelles on retrouve:
- Adopter une stratégie sur la santé mentale des étudiants;
- Faire du Québec un pôle mondial du secteur des chaînes de blocs et des cryptomonnaies;
- Interdire la vente de véhicules neufs fonctionnant uniquement à l’essence à compter de 2040 et les bannir des routes d’ici 2050;
- Faire de l’automatisation des transports une priorité, notamment en investissant dans des projets pilotes de transport en commun autonome;
- Valoriser l’immigration en régions;
- Rendre l’aide juridique accessible à un plus grand nombre de personnes.