MONTRÉAL — Le premier ministre Philippe Couillard ne croit pas que le Parti libéral du Québec (PLQ) constitue un prix de consolation pour Enrico Ciccone même si ce dernier a eu des échanges avec une autre formation avant de sauter dans l’arène politique.
L’arrivée controversée de l’ex-hockeyeur dans l’équipe libérale s’est invitée, vendredi, à la présentation d’une nouvelle recrue, l’ancienne journaliste Paule Robitaille, comme candidate dans la circonscription montréalaise de Bourassa-Sauvé, en remplacement de l’actuelle députée Rita De Santis, qui a choisi de tirer sa révérence.
Selon divers médias, M. Ciccone aurait sollicité la Coalition avenir Québec (CAQ) et échangé avec le président du parti Stéphane Le Bouyonnec dans le but de se présenter dans les Laurentides avant de décider de briguer les suffrages sous les couleurs libérales.
«C’est régulier en politique, vous le savez bien, a répondu le premier ministre, qui préférait voir le verre à moitié plein lorsqu’interrogé à ce sujet. La bonne nouvelle et ce que je retiens de cela, c’est qu’ayant vu un ou l’autre, il (M. Ciccone) a fait le choix du PLQ.»
Selon M. Couillard, le choix de l’ancien joueur de la Ligue nationale de hockey (LNH), qui sera le candidat libéral dans la circonscription montréalaise de Marquette, témoigne de la «capacité d’attraction» du PLQ.
«Que cela se produise de cette façon-là (après des discussions avec d’autres partis), pour moi, cela a peu d’importante», a ajouté le premier ministre.
Néanmoins, les membres de l’exécutif de l’association libérale de Marquette comptent claquer la porte, furieux du traitement réservé à François Ouimet, député de cette circonscription depuis 1994, pour faire une place à M. Ciccone.
Dans les rangs libéraux, on a opté pour la prudence en commentant la controverse des derniers jours.
Après s’être absentée de la conférence de presse de vendredi en raison d’un malaise, Mme De Santis s’est dite «attristée» pour M. Ouimet, sans toutefois aller jusqu’à critiquer la méthode employée par son chef pour écarter ce dernier.
«Dans la vie, nous pouvons toujours faire autrement, mais je ne suis pas ici aujourd’hui pour juger comment tout cela a été fait, a-t-elle dit au cours d’un entretien avec La Presse canadienne. Je ne peux pas parler pour tout ce qui s’est passé. Je peux dire que je comprends la réaction tout à fait légitime de M. Ouimet.»
De son côté, Mme Robitaille a dit que la politique était un «sport extrême» et qu’il y avait parfois des «choix difficiles» à faire pour un premier ministre.
«Oui», mais non
Par ailleurs, même si elle se dit fédéraliste, l’aspirante députée a confié avoir voté pour l’option du «Oui» lors du référendum de 1980.
«J’ai voté Oui pour un pouvoir de négociation (pour le Québec), mais j’ai toujours été fédéraliste», a dit Mme Robitaille, qui a eu une longue carrière de journaliste internationale, principalement à Radio-Canada et à titre de correspondante pour plusieurs quotidiens.
Ancienne commissaire à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, la nouvelle recrue du PLQ a justifié son plongeon en politique par une volonté de s’impliquer dans les questions d’immigration et d’intégration.
Pour l’avocate de formation, un vote pour le «Oui» en 1980 ne constitue pas une contradiction et ne la discrédite aucunement pour être candidate sous la bannière libérale dans Bourassa-Sauvé, un château fort libéral.
«J’avais 18 ans, a dit Mme Robitaille. Je pense que mes voyages, ma couverture de l’URSS et tout ce que j’ai vu là-bas m’a fait prendre du recul sur le Québec. J’ai toujours été fédéraliste au fond de moi.»
À l’occasion du référendum de 1995, cette dernière n’avait pas voté car elle se trouvait à Vienne, en Autriche, mais elle a dit croire qu’elle aurait opté «pour le Canada», a-t-elle affirmé.