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Gestion de l’offre: «Just watch me», lance Couillard

Quebec Liberal Leader Philippe Couillard speaks to students while visiting a college, Tuesday, August 28, 2018 in St-Agapit Que. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

RIVIÈRE-DU-LOUP, Qc — Le chef libéral Philippe Couillard hausse le ton et prévient qu’il y aura des conséquences politiques «sérieuses» si la modernisation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) se traduit par de nouvelles brèches dans le système de la gestion de l’offre.

«Just watch me», a-t-il répondu, mercredi, en conférence de presse à Rivière-du-Loup, quand on lui a demandé jusqu’où il serait prêt à aller, en évoquant la déclaration de l’ex-premier ministre fédéral Pierre Elliott Trudeau pendant la crise d’octobre 1970 au Québec.

Selon des informations éventées par le Globe and Mail, Ottawa serait disposé à faire des concessions à certaines demandes de Washington sur son secteur laitier, qui est protégé, afin de conserver le mécanisme des différends dans une nouvelle mouture de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), qui martèle depuis trois jours son opposition à toute concession concernant la gestion de l’offre, a affirmé, en point de presse, n’avoir reçu, pour l’instant, aucun signal d’Ottawa à propos de reculs.

«S’il y en a qui pensent pouvoir passer à travers le Québec, j’insiste pour dire que oui ils tiennent le crayon, mais il y aura des conséquences politiques à poser un geste semblable», a dit M. Couillard.

Le chef libéral devrait en savoir davantage jeudi après-midi, étant donné qu’il devrait prendre un moment de sa journée pour participer à une conférence téléphonique avec ses homologues des autres provinces et territoires ainsi que le premier ministre fédéral Justin Trudeau pour faire le point sur le dossier de l’ALÉNA.

Après avoir lancé la célèbre réplique de Pierre Elliott Trudeau, le chef du PLQ n’a toutefois pas dévoilé davantage ses intentions.

Juste avant, il avait toutefois reconnu qu’une seule province comme le Québec ne pouvait probablement pas bloquer une nouvelle entente sur la modernisation de l’ALÉNA et que d’éventuelles concessions sur la gestion de l’offre ne viendraient pas nuire à l’unité canadienne.

Le leader libéral a néanmoins rappelé que le Québec était la deuxième plus importante province canadienne et qu’elle représentait «en grande partie» la gestion de l’offre au Canada.

Il a soutenu qu’il ne faisait pas confiance à la Coalition avenir Québec (CAQ) dans ce dossier, faisant notamment référence aux positions passées du candidat caquiste Youri Chassin relativement à la gestion de l’offre.

À Saint-Georges-de-Beauce, le chef François Legault a répliqué que la protection de la gestion de l’offre était «non négociable» pour lui — à un point tel qu’il songerait à «débarquer physiquement à Ottawa» pour convaincre Justin Trudeau «de ne pas signer» un ALÉNA amputé de quotas sur le lait, les oeufs et la volaille canadiens.

Et si des concessions étaient faites, il serait prêt à renoncer, à «brûler» l’entente, a-t-il tranché en balayant du revers de la main les accusations lancées par son adversaire libéral concernant l’appui de son candidat Chassin. Celui-ci a «révisé sa position», a assuré le leader caquiste.

Le bureau du premier ministre Trudeau a indiqué que ce dernier s’entretiendrait jeudi après-midi au téléphone avec les premiers ministres des provinces et des territoires pour discuter des négociations sur l’entente trilatérale.

Réflexion

Par ailleurs, après avoir fermé la porte la veille en arrivant à un rassemblement militant, M. Couillard s’est finalement montré ouvert à une forme de front commun des chefs politiques dans ce dossier.

S’il refuse de participer à un événement public des chefs pour appuyer la gestion de l’offre, il s’est dit prêt à signer, après l’avoir étudié, le document à cet effet récemment envoyé par le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée.

«Je suis toujours quelqu’un qui est prêt à mettre de l’eau dans son vin, mais je veux que ça continue à goûter le vin», a illustré M. Couillard, en réponse à une question en anglais.

Il a toutefois rappelé qu’il ne faisait pas confiance à la Coalition avenir Québec (CAQ) dans ce dossier, faisant notamment référence aux positions passées du candidat caquiste Youri Chassin vis-à-vis la gestion de l’offre.

L’ouverture de M. Couillard a été saluée par M. Lisée, qui espère être capable de s’entendre rapidement sur une déclaration commune.

«Je suis heureux de voir que pour (le chef libéral), l’intérêt de la nation est plus important que sa gestion des communications», a affirmé le leader péquiste.

À Saint-Georges-de-Beauce, le chef caquiste François Legault a assuré que la protection de la gestion de l’offre était «non négociable» pour lui — à un point tel qu’il songerait à «débarquer physiquement à Ottawa» pour convaincre Justin Trudeau «de ne pas signer» si le système de quotas n’était pas protégé.

Et si des concessions étaient faites, il serait prêt à renoncer à l’ALÉNA et à «brûler» l’entente.

Il a balayé du revers de la main les accusations lancées par son adversaire libéral par rapport à son appui à la gestion de l’offre — un système avec lequel son candidat Youri Chassin est par ailleurs désormais en accord, ayant «révisé sa position».

«M. Couillard et son équipe ont dit de moi que j’étais un raciste, un sexiste, que je ne connaissais rien à l’économie, que je ne défendrais pas la gestion de l’offre. Lui reste-t-il de la crédibilité?», a-t-il lâché en point de presse.

Le leader de la CAQ a passé un coup de fil à Marcel Groleau, le dirigeant de l’Union des producteurs agricoles (UPA), pour l’assurer de son appui indéfectible vis-à-vis la gestion de l’offre, a indiqué une attachée de presse caquiste.

Il est prévu que François Legault le rencontre le 5 septembre prochain.

Le porte-parole de l’UPA a précisé mercredi par courriel que les chefs des quatre partis à l’Assemblée nationale doivent s’adresser au conseil général du regroupement le 5 ou le 6 septembre.

Par courriel, Québec solidaire s’est dit ouvert à défendre la gestion de l’offre, mais refuse d’appuyer une déclaration qui «encense» l’ALÉNA. Le parti de gauche affirme que cette entente n’a fait l’objet «d’aucune consultation populaire».

Gestion de l’offre et souveraineté

Invité à dire si cette unité sur la gestion de l’offre au Québec était de nature à attiser la flamme indépendantiste, le chef de la CAQ a rejeté la suggestion. «Je vous rappelle que 50 pour cent des vaches laitières, 50 pour cent de la production laitière, est au Québec, pour le Canada», a-t-il lancé en mêlée de presse à Montmagny.

«Donc si demain matin, le Québec est indépendant, il ne faudrait pas juste signer avec les États-Unis, il faudrait signer avec le reste du Canada pour exporter la moitié de notre production laitière. Faque s’il y a un dossier où le PQ devrait être prudent, c’est ben la production laitière», a-t-il prévenu.

— Avec des informations de Vicky Fragasso-Marquis et Mélanie Marquis

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