SAINT-GEORGES, Qc — Même si elle dit ne pas chercher la chicane, Gertrude Bourdon, ministre de la Santé dans un éventuel gouvernement libéral, prévient qu’elle agira avec «fermeté» à l’endroit des médecins de famille qui traînent de la patte au chapitre de la prise en charge de patients.
Le Parti libéral du Québec (PLQ), qui s’engage à ce que 900 000 Québécois de plus aient accès à un médecin de famille au terme d’un deuxième mandat, a également menacé jeudi le corps médical de sanctions financières.
«On ne peut pas toujours (tout) remettre aux calendes grecques. Les ententes ont été signées et négociées», a dit Mme Bourdon, jeudi, en conférence de presse à Saint-Georges, en Beauce, aux côtés du chef libéral Philippe Couillard.
Au 30 juin 2018, environ 80 pour cent de la population avait accès à un médecin de famille.
Un gouvernement libéral sévira si le taux de prise en charge des médecins — dont la rémunération a soulevé la controverse — est inférieur à 85 pour cent à la fin de l’année.
Il s’agissait de la cible initiale, qui a été reportée à deux reprises depuis l’an dernier.
«On ne peut pas pelleter cela en avant année après année, a dit M. Couillard. Les Québécois y ont droit. Il y a assez d’argent public investi dans la santé.»
La loi 20 prévoit que les médecins fautifs pourraient être visés par des sanctions pouvant atteindre jusqu’à 30 pour cent de leur rémunération.
La sortie du PLQ a irrité la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), qui, par l’entremise d’une série de gazouillis, a qualifié la réglementation de «contre-productive» et «discriminatoire».
«Selon votre plan, toujours de nouvelles menaces coercitives et contre-productives envers seulement les (médecins) de famille, faisait-elle valoir. Tellement malheureux cette dévalorisation.»
Par ailleurs, le PLQ croit qu’au terme d’un deuxième mandat, 90 pour cent des Québécois doivent avoir un médecin de famille. Le taux d’assiduité, soit la disponibilité réelle des médecins à voir des patients, devrait atteindre 95 pour cent.
«Je veux être clair, il ne sera pas question de régler cela à coup de primes, a prévenu M. Couillard. Les conditions de rémunération ont été bonifiées pour les médecins, on le sait tous. Il y a assez de médecins pour couvrir les besoins, y compris jusqu’à 90 pour cent.»
Les ententes conclues avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec et la FMOQ prévoient que la rémunération des 20 000 médecins passera de 7,6 milliards $ pour 2017-2018 à 8,7 milliards $ en 2022-2023.
Dans le rang
Mme Bourdon, qui avait effectué une arrivée controversée dans la campagne après avoir négocié avec la Coalition avenir Québec (CAQ), s’est par ailleurs ralliée à la croissance minimale des dépenses de 4,2 pour cent du ministère de la Santé, et ce, même si elle avait demandé huit pour cent à la formation dirigée par François Legault.
Avant le début de la campagne, Québec anticipait une croissance de 4 pour cent pour 2019-2020, soit environ 80 millions $ de moins que la nouvelle cible.
Pour l’aspirante ministre, l’important est plutôt d’être en mesure d’avoir de la prévisibilité.
«Ce qu’on a aujourd’hui vous démontre que nous ne sommes pas dans des chiffres arbitraires, mais dans des solutions concrètes qui vont nous permettre de faire un réseau complet», a-t-elle dit.
L’ex-gestionnaire du réseau de la santé a par ailleurs affirmé qu’elle devrait finalement remplacer Gaétan Barrette pour représenter le PLQ lors du débat du 5 septembre organisé par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec auquel participeront des représentants des autres partis.
La CAQ avait notamment accusé les libéraux de cacher leur candidate-vedette.
Après avoir refusé de se prononcer sur le sujet, elle s’est également engagée à demeurer sur les banquettes de l’opposition si elle est élue dans la circonscription de Jean-Lesage mais que le PLQ n’est pas porté au pouvoir.
Mme Bourdon, qui avait fait une déclaration cette semaine à l’effet qu’elle avait une «main de fer dans un gant de velours», en a donné un exemple en refusant de répondre à une question entourant son magasinage politique avant de faire le saut avec le PLQ.
Des millions
Dans le cadre de ses promesses, le PLQ a aussi pris l’engagement d’allonger 200 millions $ de plus pour l’embauche de personnel soignant.
On désire recruter au moins 1000 préposés aux bénéficiaires pour bonifier l’effectif d’environ 40 000 personnes.
Le PLQ veut également poursuivre l’embauche de 2000 infirmières-praticiennes spécialisées d’ici 2024-2025 et désire collaborer avec les ordres professionnels afin d’assouplir les règles encadrant leur pratique.