QUÉBEC — Au Québec, les jeunes de 18 à 21 ans qui consomment du cannabis en toute légalité depuis une semaine seront bientôt des hors-la-loi.
Tel que promis quand il était dans l’opposition, le gouvernement Legault opte pour la ligne dure en matière de contrôle des drogues.
Et il se montre pressé: le gouvernement entend procéder rapidement dans ce dossier et légiférer au plus tôt, peut-être même avant Noël si possible, pour hausser la limite légale d’âge fixée pour inhaler la substance controversée.
En mêlée de presse mercredi, en marge du premier caucus des députés caquistes depuis l’élection du gouvernement Legault, le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a dit que le gouvernement avait bien l’intention de donner suite à sa promesse électorale, en déposant au plus tôt un projet de loi.
La limite légale passera donc de 18 à 21 ans avant longtemps.
C’est finalement le ministre Carmant qui sera responsable du dossier, alors que le premier ministre François Legault avait laissé entendre vendredi que ce serait plutôt la ministre de la Justice, Sonia LeBel, qui le prendrait en charge.
Ce dossier en est avant tout un de santé publique et de protection des enfants, a fait valoir M. Carmant, un neuropédiatre.
«On veut régler ça le plus rapidement possible», soit «dans les 100 premiers jours» du gouvernement, a-t-il indiqué.
La session parlementaire débutera le 27 novembre et durera seulement deux semaines avant l’ajournement des Fêtes. Les caquistes veulent en priorité déposer leur projet de loi sur l’interdiction faite à certains employés de l’État de porter des signes religieux et aussi celui sur le cannabis. Les travaux parlementaires reprendront par la suite en février.
Psychose
Pour justifier la position de son gouvernement, M. Carmant a fait référence aux dommages au cerveau de la consommation de cannabis sur les jeunes.
«Ce qui nous inquiète, c’est les complications psychiatriques pour les jeunes enfants», a-t-il dit.
Il a rappelé que la communauté scientifique déconseillait de consommer du cannabis avant 25 ans, pour diminuer les risques de psychose.
Pas moins de 35 pour cent des adolescents âgés entre 14 et 18 ans consomment déjà du cannabis, selon lui, et s’approvisionnent sur le marché noir.
Le fait de hausser l’âge légal enverra un message aux jeunes dans le sens d’éviter de banaliser les effets négatifs de cette drogue sur leur santé mentale, a-t-il ajouté.
«Si on met l’âge à 18 ans, ce ne sera pas long qu’à 16 ans les jeunes vont consommer avec leurs amis, avec leurs parents. On veut éviter la banalisation», a ajouté le ministre, convaincu qu’il fallait «prévenir l’effet délétère à long terme» de l’usage répété de cette drogue.