L’Institut économique de Montréal (IEDM) remet en question les bienfaits de la taxation des boissons sucrées dans une note publiée jeudi. Bien qu’il soit tentant de taxer ces produits pour des raisons de santé publique, une telle mesure fait très peu pour combattre les problèmes de poids, juge l’auteur de la note économique, le Dr David Gratzer.
La taxation des boissons sucrées n’a qu’une portée restreinte, selon M. Gratzer. Il rappelle que bon nombre d’aliments plus caloriques ne seraient pas visés par une telle taxe et que les consommateurs modérés de boissons sucrées seraient pénalisés. «En taxant la fabrication de toutes les boissons sucrées, on viserait également les boissons non gazéifiées, y compris les laits aromatisés, les thés sucrés, les frappés aux fruits et d’autres jus qui sont par ailleurs bons pour la santé», peut-on lire dans la note.
L’IEDM fait aussi valoir qu’une taxe doit être très élevée pour changer véritablement les comportements des consommateurs. Au Canada, ce seuil se situerait à 20 % d’après l’étude. Or, cette hausse de prix inciterait les compagnies «à protéger leurs parts de marché avec des rabais, des programmes de fidélisation et d’autres types de promotions», avance M. Gratzer.
Ce dernier propose de s’attaquer au problème de l’obésité en sensibilisant la population aux risques d’une alimentation malsaine et en proposant des incitatifs financiers positifs plutôt que négatifs. «Une taxe sur les boissons sucrées ne serait qu’un geste politiquement motivé, s’attaquant de manière arbitraire à un bouc émissaire commode», conclut la note de l’IEDM.
Lutte
Au Québec, la Coalition poids milite depuis plusieurs années en faveur de réglementations plus musclées contre l’industrie des boissons gazeuses et des boissons énergisantes. Au-delà de la taxation, le groupe réclame que les marchés alimentaires revoient leurs politiques d’étalage des boissons sucrées et qu’ils cessent de proposer systématiquement aux jeunes ce type de boissons.