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Enfants inuits: la CDPDJ ouvre une enquête

Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) a déclenché une enquête sur le traitement réservé à des enfants inuits dans le système de protection de la jeunesse, à la suite d’informations selon lesquelles de jeunes autochtones auraient été empêchés de parler leur langue et n’auraient pas reçu les services adéquats alors qu’ils étaient sous sa protection.

La commission a déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles des jeunes hébergés ne pouvaient pas «communiquer entre eux dans leur langue et certains jeunes auraient subi des représailles pour s’être exprimés en inuktitut», a indiqué la commission dans un communiqué de presse publié vendredi.

De plus, la commission affirme que certains des enfants n’auraient peut-être pas été assignés à un travailleur social au moment de leur transfert depuis le Nord-du-Québec, sous prétexte qu’ils relevaient toujours du Directeur de la protection de la jeunesse de leurs communautés d’origine.

La porte-parole Meissoon Azzaria a déclaré que la commission avait ouvert l’enquête de sa propre initiative plutôt qu’en réponse à une plainte officielle. Elle a ajouté que l’enquête tenterait de vérifier si les droits de la jeunesse avaient été violés et que la commission prendrait des mesures pour corriger la situation en formulant des recommandations aux organisations concernées.

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, dont les foyers de groupe sont sous enquête, a refusé de commenter les allégations, mais a réaffirmé son engagement à veiller à ce que «la sécurité et le développement des enfants ne soient pas compromis».

Les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw et le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal ont ajouté que leurs centres sont «reconnus pour leur ouverture à la diversité et leurs compétences ethnoculturelles».

Nakuset, la directrice du Native Women’s Shelter of Montreal, a déclaré que les problèmes au sein du système de placement familial sont connus de longue date. Elle a ajouté que les jeunes autochtones sont souvent laissés pour compte parce qu’ils ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin une fois dans le système.

«Il y a ce genre de trou noir où ils sont assis, et ils sont littéralement dans cette maison étrange où ils ne font rien, a-t-elle déclaré lors d’un entretien téléphonique. Il n’y a pas de travailleurs sociaux et j’ai entendu dire que certains ne vont même pas à l’école.»

Nakuset, qui ne porte qu’un seul nom, a déclaré qu’il était «ahurissant» d’imaginer qu’un parent d’accueil ou qu’un travailleur auprès des jeunes empêcherait un enfant de parler l’inuktitut, en particulier compte tenu de la perte désastreuse de connaissance des langues autochtones résultant de l’époque des pensionnats.

«Si vous avez des filles qui parlent dans leur propre langue et que la mère ne comprend pas, elle devrait faire appel à un interprète, a déclaré Nakuset. C’est la chose responsable à faire — et non de leur dire d’arrêter de parler leur langue.»

Nakuset a déclaré avoir passé 10 ans à travailler avec le système de protection de la jeunesse afin d’améliorer les services, former des travailleurs sociaux spécialisés et défendre les droits des mères, qui sont souvent confrontées à la discrimination et à d’autres obstacles lorsqu’elles tentent de regagner la garde de leur enfant.

Bien que des progrès aient été accomplis, elle s’est dite «absolument ravie» que la commission enquête et espère que les résultats accéléreront le rythme des changements nécessaires.

«Nous voulons simplement travailler avec eux, a-t-elle déclaré à propos du système actuel. Et je sens parfois que nous sommes devant la porte, et ils l’ont ouverte, mais ils ne nous laissent pas encore entrer.»

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