Les partis de l’opposition et des représentantes du milieu éducatif réclament au gouvernement Legault de cesser le déploiement des nouvelles maternelles 4 ans pour tous pour plutôt investir auprès des Centres de la petite enfance (CPE) et des milieux familiaux.
«Les services offerts, les centres éducatifs à la petite enfance partout dans la province sont de qualité, et les enfants y trouvent déjà tout ce qu’il faut», a exprimé dimanche matin la directrice du Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE), Francine Lessard.
Selon elle, si le premier ministre souhaitait réellement continuer d’investir dans la petite enfance, il devrait consolider le réseau actuellement en place.
Mme Lessard a aussi souligné que son organisation s’expliquait mal pourquoi François Legault ne «reconnaît pas le réseau déjà offert aux familles», mais aussi pourquoi il «tient tant à développer des maternelles 4 ans».
Dans la même veine, le député solidaire Vincent Marissal a qualifié ce projet de «lubie» du premier ministre, qui «s’entête dans son manque de logique».
Complémentarité
Pour sa part, l’élue péquiste Véronique Hivon déplore que le gouvernement mette tous ses œufs «et ses investissements» dans le seul panier des maternelles 4 ans. Elle soutient que les services éducatifs à la petite enfance et les maternelles 4 ans devraient plutôt être complémentaires.
«On investit 700M$ dans le seul projet des maternelles 4 ans […] et on n’a toujours pas entendu un mot sur l’importance de consolider le réseau des services éducatifs à la petite enfance, alors que des milliers de parents y souhaitent une place pour leur enfant. C’est quoi le message qu’on envoie?», a soulevé Mme Hivon.
Même son de cloche du côté de la présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Valérie Grenon, qui lance aussi un appel à la complémentarité.
«Au lieu de le [le montant de 700M$] mettre dans des infrastructures qui n’existent pas, on a un beau réseau, alors ouvrez d’autres places, faites une complémentarité des deux, et je pense que ça va répondre sincèrement aux besoins des familles du Québec», a-t-elle souligné.
«On manque de places, on a des besoins criants. Est-ce vraiment la meilleure façon de dépenser stratégiquement?», s’est pour sa part questionnée la libérale Jennifer Maccarone.
Excuses demandées
La présidente de la FIPEQ-CSQ a profité de l’occasion pour réitérer que sa fédération demande toujours des excuses publiques de la part du premier ministre, qui a comparé jeudi dernier les employés des CPE à «des techniciens de garde». Des propos qu’elle qualifie d’«insultants» et «dénigrants de leur travail».
«Les intervenantes sont en colère. Je ne peux pas imaginer qu’un premier ministre nous rabaisse comme ça pour justifier ses maternelles 4 ans, c’est inacceptable», a dénoncé Mme Grenon.