J’ai une admiration sans bornes pour les femmes athlètes. Premièrement parce que j’ai moi-même de la misère à lancer un ballon – et encore plus à l’attraper sans me jeter par terre et me fouler une cheville (je n’exagère presque pas) – mais surtout parce qu’elles ont besoin de beaucoup plus que d’excellentes aptitudes sportives pour réussir, contrairement à certains de leurs collègues masculins.
Que j’en vois pas un me dire qu’aujourd’hui les femmes ont les mêmes chances que les hommes dans tous les domaines, incluant le sport. C’est faux, particulièrement en sport. Les jeunes filles commencent à peine à pouvoir pratiquer les disciplines dont elles ont vraiment envie. Je vous rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, on proposait aux filles qui voulaient jouer au hockey de s’inscrire plutôt au patinage artistique ou, à la limite, si elles voulaient vraiment faire des passes avec un bâton, à la ringuette. Êtes-vous déjà allé voir un match professionnel de ringuette? Moi non plus.
Il semble plus naturel de dire à un garçon «Continue mon grand, un jour tu vas jouer dans la LNH!» que de souhaiter à une fille de faire carrière dans le sport. Pour les filles, on voit plus souvent l’activité sportive comme un hobby que comme une véritable ambition professionnelle. Tant que les filles ne bénéficieront pas exactement des mêmes encouragements que les garçons vers le sport de haut niveau, peu importe la discipline, tant qu’elles n’auront pas accès aux mêmes ressources, aux mêmes installations et au même sérieux dans l’entraînement que les garçons, il sera correct d’affirmer que les femmes athlètes ont besoin de beaucoup plus que d’excellentes aptitudes sportives pour réussir.
C’est entre autres pour cette raison que je suis fan de la G.O.A.T. (Greatest Of All Time), Serena Williams. Je l’admire aussi parce qu’elle habite son corps de femme et qu’elle s’en sert de façon exceptionnelle: 10 mois après avoir accouché et y avoir presque laissé sa vie, elle était de retour en finale de Grand Chelem. C’est une machine. En plus de tout ça, elle doit composer au quotidien avec une quantité infinie de commentaires – souvent de marde – dans les médias sur ses vêtements, son corps et son attitude. Des commentaires dont un homme ne serait que très rarement l’objet. Serena est un modèle extraordinaire de force, de détermination et de caractère pour les femmes et les filles, athlètes ou pas.
Alors quand je vois une vidéo comme la récente pub de Nike qui met en valeur non seulement Serena, la meilleure joueuse de tennis de tous les temps, mais surtout des tas d’autres femmes athlètes qui ont eu à surmonter des obstacles et à encaisser des critiques directement liés à leur sexe, c’est comme une bouffée d’air frais. Qu’une des marques les plus populaires au monde reconnaisse le travail acharné des femmes et les inégalités auxquelles elles doivent faire face dans le sport, c’est encourageant. Je sais bien que c’est une campagne publicitaire et que le but, c’est de me vendre la marque. Je ne suis pas folle. Mais le marketing c’est une affaire de valeurs, et Nike semble maintenant partager les miennes. Qu’on présente aujourd’hui des femmes pour promouvoir le sport et qu’elles soient non pas en kit de cheerleader sexy, mais plutôt en action dans leur discipline, ça fait du bien. Et effectivement, j’y penserai peut-être deux fois avant d’aller m’acheter un kit Adidas quand l’envie me prendra d’essayer de lancer un ballon.