Suis allé voir le spectacle Serge Fiori, Seul Ensemble, la nouvelle création du Cirque Éloize, construite à partir de l’œuvre de celui qui représente pour nous, tellement plus qu’un musicien parmi tant d’autres. Au bout du voyage, je suis sorti de la salle en me disant que je venais d’assister à une performance magistrale. Pas géniale. Magistrale comme dans Maîtrisée. Un doux moment qui tombe merveilleusement bien.
La réunion de ces deux mondes n’était sans risque, bien au contraire. La musique de Fiori et Harmonium, on l’a dans les tripes, elle est gravée dans notre mémoire depuis toujours et pour longtemps. Cette musique, quand on se met à jouer dedans, ne serait-ce qu’un minimum, c’est l’équivalent de s’attaquer aux fresques de la chapelle Sixtine. On a intérêt à faire attention, mettons. À cet égard, le travail de Louis-Jean Cormier et d’Alex McMahon s’apparente à celui des grands restaurateurs d’œuvres. Ils ont tous deux parfaitement compris les limites de leur rôle sans sous-estimer la nécessité de leur intervention. Pour cela, on leur concède d’office le statut d’experts en la matière.
À ceux et celles qui se demandent si ce spectacle baigne dans l’huile de la nostalgie, je leur répondrai un gros o-u-i, sans la moindre réserve. Et sans la moindre gêne non plus.
Pis après? Dans la salle du St-Denis l’autre soir, j’ai goûté à une forme de bonheur simple. Le genre de soirée où tout le monde dépose sa valise pleine au bord de la porte avant de repartir pour une expédition en terrains connus, dans une bulle rassurante. Je le répète, ces jours-ci, ça n’a pas de prix.
Le tout n’est pas parfait et c’est tant mieux. Certaines projections font plus sourire qu’émouvoir, des chorégraphies nous ramènent au ballet jazz radio-canadien des années 70 mais, qu’importe, l’ensemble se tient admirablement. Et, dans mon cas, m’a redonné le goût de voir ce genre de spectacle après avoir fait une solide indigestion du Cirque du Soleil et de ses concepts qui répètent sans cesse le même copié-collé.
Je retournerai voir et écouter Serge Fiori, Seul Ensemble. Simplement pour retrouver tout ce monde qui avait quelque chose à raconter. Du beau monde, du bon monde.
•••
Pourquoi n’ai-je pas été surpris par l’histoire du Dr Julien et de ses relations pour le moins tendues avec une bonne partie de son entourage ? Parce que des power trips du genre dans le milieu de la bienfaisance, il en mouille comme les pluies d’automne.
Nos nouveaux modèles dans la société, ce sont ces personnages plus grands que nature qui, tout en se disputant la misère des autres, se sont donné comme mission de recentrer l’humanité en se réservant, bien sûr, la place au beau milieu du portrait de famille. Faciles à repérer, ils ne sont plus derrière les guignolées et les clubs de petit-déjeuner pour les enfants affamés, ils sont devant. Tout devant, à quelques centimètres à peine des caméras, sans laisser la moindre place à ceux qui pourraient leur faire ombrage.
Ne vous étonnez pas que ça nous prenne parfois plus temps pour voir clair dans ce qui se passe derrière…
•••
Cette saison, le Canadien nous a fait tripper fort avec un parcours pour le moins étonnant. Au point où on a même pensé les voir aller très loin dans les séries. Depuis quelques semaines, le vent a tourné et la réalité a frappé nos valeureux de plein fouet et en pleine face. Des joueurs qui fonçaient dans le tas sont devenus des maîtres de la périphérie, les plus flamboyants ont éteint leur lampe et on recommence, encore une fois, à remettre en question la compétence des dirigeants et des entraîneurs. Et ça s’est mis à gueuler à nouveau, en répétant la même affaire que l’an passé et l’autre année d’avant.
Permettez-moi d’aller à contre-courant : je suis absolument content de ce que j’ai vu et vécu cette saison en regardant jouer le Canadien. Peu importe la fin de la saison, qu’elle finisse bien ou en queue de poisson, j’ai trippé comme il y avait longtemps que ça m’était arrivé. Bien hâte de voir les nouveaux débarquer au cours des prochaines années, ça va brasser solide pour un bon bout de temps. Sûr de ça.