Après deux mois passés loin des grands centres, je suis de passage dans la métropole. Bien heureuse d’avoir manqué les canicules et de manquer le chaos électoral qui suivra prochainement. Je ne passe pas souvent, mais quand je passe, c’est toujours quelque chose de bien qui m’amène.
Cette fois-ci, c’est le colloque Résistances des femmes autochtones dans les Amériques, un événement qui se déroule sur trois jours à l’Université du Québec à Montréal. J’y suis pour parler d’une de mes grandes passions: les memes. Bon, certains diront que la mémétique est une science frivole, voire inexistante, mais au moins ils nous servent à véhiculer des messages importants par l’humour. Surtout pour nous, les jeunes Autochtones. Les memes nous font une place dans les débats politiques auxquels nous avons rarement accès en-dehors de l’internet. J’ai même été surprise de voir que mon meilleur public était composé des aînées présentes dans la salle.
J’ai l’habitude de prendre la parole en public, mais j’ai été contente de voir que mes co-panellistes étaient des Cri(e)s qu’on n’entend jamais dans les médias. Je suis satisfaite de voir qu’on a fait de la place à des gens de chez nous qui ne sont pas nécessairement dans le domaine universitaire, mais qui, comme Tania Larivière le dit, pratiquent la décolonisation au quotidien et ne font pas juste en parler. Le plus beau, c’est que nous nous sommes adressées à des femmes autochtones qui viennent de partout dans les Amériques.
Mon territoire est celui de nombreux jeunes qui se battent chaque jour pour briser des cycles dont nous avons hérité depuis la colonisation. Mes co-panellistes, Babbey Jane Happyjack et Jomarie Einish, sont formidables. Je suis fière d’être crie en raison de jeunes comme ça. Ça prend aussi beaucoup de courage pour en parler devant une centaine de personnes, comme elles l’ont fait durant le panel. J’apprends de mes pairs. Ça me motive à continuer ce combat quotidien qu’est la guérison.
C’est d’ailleurs pour ça que j’ai amené mes meilleurs memes au colloque: c’est le fun de pouvoir rire un peu, des fois. Et j’aime faire rire mon monde. Beaucoup d’entre nous n’ont pas assez ri dans leur vie, et si je peux apporter au moins ça dans mes moments pas faciles, bien ce sera déjà ça.