S’il est réélu, le Parti libéral du Canada (PLC) promet de serrer la vis à Air Canada en matière de bilinguisme. Alors que de plus en plus de personnes font entendre leur mécontentement à l’égard du manque de services dans les deux langues du transporteur, le parti envisage d’imposer des amendes ou des sanctions pour changer les choses.
«Encore une fois cette année, la majorité des plaintes que le Commissaire aux langues officielles a reçues sont liées à Air Canada», déplore la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, en entrevue à Métro.
D’après elle, plusieurs rapports gouvernementaux «témoignent des manquements» de l’entreprise aérienne depuis les dernières années.
«Il est temps que ça change, presse-t-elle. Il faut veiller à ce qu’Air Canada fournisse des services entièrement bilingues à tous ses clients.»
Une fois portée au pouvoir, la députée sortante d’Ahuntsic-Cartierville entamerait une modernisation de la Loi sur les langues officielles, dont la première mouture remonte à plus de 50 ans.
C’est précisément à travers cette réforme que l’élue fédérale entend agir, en renforçant notamment l’influence du Commissaire aux Langues officielles au niveau national. À plus long terme, le Commissaire pourrait obtenir plus de pouvoirs coercitifs, ce qui inclut des sanctions financières ou des rappels à l’ordre, a indiqué à Métro une source au cabinet de Mme Joly.
«Un manque de volonté politique»
En présentant ses recommandations pour moderniser la loi, le commissaire Raymond Théberge avait condamné en mai «un manque de volonté politique depuis plusieurs années» en matière de langues officielles.
«Il y a eu certains progrès au cours des 50 dernières années, mais depuis une décennie, il y a un plafonnement» -Raymond Théberge.
Selon lui, si le gouvernement met beaucoup d’argent dans ses provinces et ses territoires, il doit aussi «s’assurer que ces investissements sont bien utilisés et vont bien aux communautés».
M. Théberge somme entres autres Ottawa d’organiser des rencontres plus fréquentes avec les ministres provinciaux pour mieux comprendre les réalités territoriales à travers le pays.
Protéger Radio-Canada
Dans la même veine, le PLC s’engage à protéger Radio-Canada contre les «coupes drastiques» que lui ferait subir, d’après le parti, un éventuel gouvernement conservateur.
«À chaque fois que les conservateurs sont élus, Radio-Canada est en danger.» -Mélanie Joly
L’élue entend intégrer le mandat «régional» de la société d’État à la Loi sur les langues officielles.
«Ça permet de créer une protection contre de futures coupures, parce que cette loi-là est quasiment constitutionnelle, observe Mme Joly. Si un gouvernement arrive et qu’il veut couper dans le budget, il sera obligé d’amender la loi.»
Si la politicienne refuse de s’avancer sur les budgets de fonctionnement qui seront liés à ce nouveau jumelage, elle promet toutefois un boom d’investissements pour les centres régionaux d’information.
«On a déjà pérennisé le financement de Radio-Canada et qu’on le fera encore davantage pour les nouvelles régionales», insiste-t-elle.
Les libéraux promettent aussi de ne nommer que des juges bilingues à la Cour suprême, en plus de militer pour le projet d’Université francophone initialement rejeté par le gouvernement conservateur de Doug Ford.