Premier aveu: ma garde-robe est, au mieux, pitoyable. Je chapeaute certainement un des plus petits budgets annuels côté vêtements, au moins dans le quartier Villeray.
Deuxième aveu: l’obligation de porter, chaque jour de ma vie professionnelle, l’ensemble veston-cravate a fortement contribué à ma réorientation de carrière.
J’ai délaissé la pratique à temps plein pour des occupations plus relaxes côté vestimentaire (cette chronique est écrite en jean troué, en chandail long et… en Doc Martens usagés. Budget? Aucune idée, mais insuffisant, dirait ma fille).
Troisième aveu: le décorum de l’Assemblée nationale et du Parlement canadien est effectivement étouffant et, fort probablement, rétrograde.
Quatrième aveu: d’après des amies ou anciennes députées, un double standard s’applique quant aux obligations hommes-femmes en la matière, ce que je n’ai aucune peine à croire.
Cinquième aveu: la présence de Québec solidaire dans le paysage politique est une excellente chose. Parce qu’au contraire de ses adversaires, ce parti, sans être parfait ni sans reproche, constitue une formation hors norme, assujettie à ses propres diktats et vierge de l’incestueuse et toxique relation parti-donateurs corporatifs. Une libre pensée jumelée à une libre parole, donc.
Me souviens d’un Amir Khadir en train de barber en pleine commission parlementaire un Lucien Bouchard au bord de l’apoplexie, accusé de connivence avec le fric sale de nos pétrolières. Aussi drôle que jouissif. Qui, hormis Khadir et QS, aurait pu tenter un truc pareil? Personne.
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On pourrait, compte tenu de ce qui précède, conclure à un orgasme axiologique assez puissant en assistant au dernier coup de théâtre de Catherine Dorion. Sauf qu’il n’en est rien.
Parce qu’entre vous, la boîte à bois et moi, chaque sortie de la députée de Taschereau est planifiée, sachant que les feux de la rampe se tourneront vers sa personne. Que l’armada de chroniqueurs de Québecor, Denise au premier chef, dirigera l’ensemble de ses énergies et de ses attaques vers elle les jours prochains. S’ensuivra un hallucinant «débat social», digne des plus grandes comédies françaises.
Au point où s’organiseront des regroupements en faveur du port du coton ouaté pour la femme, alors que la question initiale portait plutôt sur le «décorum» de l’Assemblée.
Le mobile de ma frustration? La totalité de l’encre investie dans la chose pourrait l’être, vu l’indépendance d’esprit des solidaires, dans des trucs drôlement plus porteurs.
L’environnement, tiens.
Quoi? L’un n’empêche pas l’autre? Vraiment? OK.
Vous avez entendu parler, vous, de la lettre devenue livre adressée par Nadeau-Dubois au premier ministre Legault sur l’urgence climatique?
Sortie en même temps que le coton ouaté de Catherine, cette lettre est un cri du cœur sauce GND: pertinente, fouillée, cérébrale et sentie.
Impact médiatique réel? Similaire à celui de la bombe balancée par plus de 11 000 scientifiques: ou on se grouille le cul, ou l’humanité sera, dans moins d’une génération, aux prises avec des souffrances collectives indicibles.
Du genre à forcer le troc du coton ouaté au profit de l’imperméable et des bottes d’eau…