Groupe Capitales Médias (GCM) n’est pas seul dans son camp. Quelques journaux québécois ont adopté, il y a des années, le modèle des coopératives médiatiques. Une initiative qui fait ses preuves, affirment-ils.
Depuis qu’il s’est mis à l’abris de ses créanciers, en août, GCM fait planer l’idée d’une coopérative de travailleurs auprès du gouvernement. Québec appuie également l’idée, malgré que Desjardins se soit retiré du projet mardi – ce qui pourrait lui mettre du plomb dans l’aile.
Les coopératives médiatiques n’abondent pas dans la province, mais certains ont choisi de tenter l’expérience. C’est le cas du Placoteux, un petit journal local basé dans le comté de Kamouraska.
Le média fondé en 1978 a pris la tournure coopérative «il y a une quinzaine d’année», explique son directeur général, Louis Turbide. Selon lui, c’est l’initiative de coopérative de solidarité qui avait à l’époque été qualifiée de «modèle le plus intéressant» pour l’avenir du journal. Celle-ci implique des entreprises comme des employés dans son fonctionnement.
«Moi, je relève d’un conseil d’administration sur lequel siège un employé et quatre autres membres. J’ai des comptes à rendre. C’est ce qui est intéressant d’une coopérative: on doit vraiment montrer patte blanche», explique M. Turbide.
Le gestionnaire constate que le journal est passé de déficits d’environ 100 000$ à son arrivée, il y a deux ans, à 100 000$ de profits cette année.
Un autre exemple à Lévis
Un peu plus à l’ouest, le Journal de Lévis a adopté la coopération de solidarité dès sa création, en octobre 2001.
«Ça permet à tout le monde de s’engager. C’est la qualité du produit qui va faire en sorte qu’on va passer ou non», souligne la directrice générale du média, Sandra Fontaine.
«Les avantages, c’est qu’on contrôle notre produit de A à Z. On peut s’adapter rapidement et beaucoup plus facilement que quand on travaille pour une multinationale, où on doit passer plusieurs niveaux d’autorisation.» – Sandra Fontaine, directrice générale du Journal de Lévis
Nouveau modèle?
Le groupe derrière le projet de GCM priorise la coopérative de travailleurs plutôt que la coopérative de solidarité.
«Dans le cas d’une coopérative de travailleurs, ce sont uniquement les employés qui sont des co-décideurs et co-propriétaires», observe Isabel Faubert Mailloux, directrice générale du Réseau de la coopération du travail du Québec.
«Dans un modèle d’affaires où la rentabilité est peut-être moins grande, l’intérêt de ne pas avoir d’investisseur externe, c’est que les revenus générés sont redistribués entre travailleurs. Tu n’as pas besoin de rémunérer un investisseur externe», poursuit Mme Faubert Mailloux.
L’experte observe une relation de travail entre employé et entreprise «complètement différente» dans une coopérative. Pour réussir, GCM aura besoin de la contribution de tous ses employés, selon elle.
«Ça tient dans la volonté des travailleurs de prendre part au risque», soutient Mme Faubert Mailloux.
«Ça peut être effectivement une voie d’avenir, parce que ces médias sont maintenus en vie par leur pertinence, pas leur lucrativité.» – Isabel Faubert Mailloux, directrice générale du Réseau COOP