Si le bilan des piétons tués dans les rues de Montréal est le plus important depuis 2010, la réalité semble toute autre pour le bilan routier à l’échelle du Québec. Le nombre de collisions mortelles, incluant celles avec les cyclistes et les piétons, est en baisse sur le territoire de la Sûreté du Québec (SQ), passant de 237 à 216 entre 2018 et 2019, selon le bilan routier dévoilé jeudi par l’organisation policière.
Dans son rapport, la SQ dit constater «une diminution du nombre de décès pour la même période», avec une baisse considérable de 20 morts dans la province. Le nombre de victimes s’élève à 232 en 2019. C’était environ 340 en 2010.
«C’est vraiment une année record, explique à Métro la sergente Audrey-Anne Bilodeau. Il s’agit de la première fois en dix ans qu’on atteint un aussi bas sommet de décès. On est très contents.» La dernière marque établie remontait à 2014, où 216 collisions avaient aussi été enregistrées, engendrant toutefois 238 décès, soit six de plus que cette année.
Efforts logistiques
Ce sont une série «d’efforts soutenus» en prévention sur les routes qui ont permis d’améliorer la situation, plaide la porte-parole. La création de nouveaux outils déterminant avec précisions les lieux, les heures, les conditions accidentogènes et les comportements à risque en serait surtout responsable.
«Nos analyses statistiques permettent de voir quels sont les mois, voire les journées les plus meurtrières. Après, on envoie nos policiers patrouiller dans des zones à risque aux bonnes heures, au bon moment de l’année et lors de la bonne journée de la semaine. C’est à ce point-là si on veut faire diminuer la vitesse, notamment.» -Audrey-Anne Bilodeau, sergente de la SQ
La décroissance du nombre de décès sur les routes s’est faite malgré une augmentation «constante» du nombre de véhicules au Québec, excepté sur l’île de Montréal.
«Ça s’explique entre autres par le fait que malgré leur multiplication, les voitures d’aujourd’hui sont plus sécuritaires», raisonne la sergente.
Des comportements à déconstruire
Même si les chiffres s’améliorent en théorie, il n’en demeure pas moins que, chaque jour, «le comportements des usagers de la route continue d’être préoccupant», indique l’organisation dans un communiqué.
En tête de peloton, la vitesse garde le premier rang des comportements accidentogènes. En 2019, plus de 30% des collisions mortelles y étaient dues. «Quand on a doublé les amendes dans les zones de travaux, ou qu’on a implanté une quarantaine de photos radars dans la province, l’objectif n’était pas de faire plus d’argent. C’était de diminuer la vitesse, dans des zones ciblées», dit Audrey-Anne Bilodeau.
Jadis quatrième, voire cinquième, la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool ou la drogue est passée l’an dernier au deuxième rang des causes d’accidents mortels. Une collision sur dix y est due, surtout en saison estivale. Les agents de la SQ arrêtent en moyenne 17 personnes, chaque jour, pour cette raison.
La distraction arrive troisième, incluant l’usage croissant du cellulaire au volant, qui a été la cause de 17 accidents mortels l’an dernier, soit plus de 8% d’entre eux. Le non-port de la ceinture a aussi causé 25 victimes en 2019, ce qui représente malgré tout une baisse de presque 50% par rapport à 2018, où ce chiffre atteignait 45 décès.
«Dans toutes les régions, c’est l’usager qu’on vise, conclut la sergente Bilodeau. C’est lui qui roule trop vite, qui texte au volant, qui consomme avant de prendre la route. C’est à lui qu’il faut s’adresser plus directement. La crainte de se faire prendre, même si elle est désagréable, force l’usager à adapter sa conduite.»