Des dizaines de docteurs canadiens pressent Ottawa de multiplier les efforts pour faciliter le ravitaillement en équipements de protection individuels pour les travailleurs de la santé afin de les protéger de la propagation du nouveau coronavirus.
«Les travailleurs de la santé sont constamment à risque d’être exposés au virus et de développer des symptômes», souligne à Métro la Dr Melissa Yuan-Innes, qui est médecin urgentiste en Ontario.
Cette dernière est à l’origine d’une pétition adressée au gouvernement Trudeau et à tous les ministres provinciaux de la Santé du pays a recueilli jusqu’à maintenant environ 19 000 signatures.
«En Italie et aux États-Unis, la pénurie commence. Déjà, ici, il y a des médecins qui doivent travailler sans masque», souligne Mme Yuan-Innes. Cette dernière souligne à cet égard avoir recueilli les témoignages de nombreux travailleurs de la santé du pays.
Selon la pétition, le Canada devrait en outre acheter «tout le matériel possible de la Chine et d’autres pays» pour prévenir une pénurie d’équipements de protection individuels.
«On n’a pas assez d’équipements. Les réserves sont basses pour les équipements en général.» –Melissa Yuan-Innes, médecin urgentiste
Prévenir une pénurie d’équipements de protection
Déjà, au début du mois, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) faisait état des risques de pénuries d’équipements de protection individuels en raison de la pandémie du coronavirus. Il s’agit notamment de masques de type N95, de gants et de combinaisons de protection. Le manque de tels produits pourrait nuire à la lutte contre l’épidémie, selon l’OMS.
«Il y a une pénurie critique de kits de dépistage du COVID-19, de ventilateurs, de désinfectant pour les mains et de médicaments qui pourraient traiter les patients. C’est un danger inacceptable pour les travailleurs de la santé et, par conséquent, pour le public», souligne la pétition.
Ainsi, les quelque 60 docteurs qui appuient cette pétition demandent à Ottawa et aux provinces de déployer un «effort de guerre» pour assister les employés de la santé publique qui combattent le nouveau coronavirus.
Les signataires demandent notamment aux autorités publiques de «réaffecter» les usines pour leur demander de produire des équipements de protection. Les distilleries, pour leur part, devraient produire du gel désinfectant pour les mains.
«Le Canada est capable de produire ces équipements. Si on est capables, on devrait les faire», évoque la médecin urgentiste.
Réutiliser l’équipement
Afin de pouvoir maximiser l’usage de ces équipements de protection, les signataires proposent en outre de déterminer des mesures de nettoyage «sécuritaires». Le réseau de la santé pourrait aussi envisager d’utiliser des masques en tissu réutilisables.
«Si on peut réutiliser le matériel, ce serait une bonne option pour l’environnement», estime Mme Yuan-Innes.
Finalement, les docteurs réclament que les gouvernements du pays légifèrent pour obliger les citoyens de s’isoler pour prévenir la propagation du coronavirus au Canada.
«En Chine et en Corée du Sud, ils ont réussi à le contrôler, mais c’est parce qu’ils ont fait un gros effort. Ils ont empêché les gens de sortir […] Et là, ils commencent à revenir à la vie normale», souligne Melissa Yuan-Innes.
Pas de pénurie, assure Legault
Dans son point de presse quotidien sur la propagation du nouveau coronavirus, le premier ministre du Québec, François Legault, s’est fait rassurant concernant les réserves d’équipements de protection individuels dans le réseau de la santé.
«On a actuellement tous les équipements qu’on a besoin, que ce soit pour les tests, les masques, les respirateurs, le visières et autres. On continue d’en ajouter au cas où la croissance sera beaucoup plus forte dans les prochaines semaines. À court terme, toutefois, on a tous les équipements dont on a besoin», a-t-il déclaré jeudi.
Le cabinet de la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a pour sa part souligné avoir adopté hier un arrêté d’urgence «pour accélérer l’accès des fournisseurs de soins de santé à des instruments médicaux liés à la COVID-19, notamment des tests de diagnostic». Ottawa espère ainsi répondre à la demande croissante pour ces équipements.
-Avec la collaboration d’Henri Ouellette-Vézina