Les Québécois pourront réaliser des déménagements entre amis malgré la crise du coronavirus, assure le gouvernement Legault. Les locataires devront toutefois faire preuve de prudence et éviter des rassemblements, prévient la police de Montréal, qui n’exclut pas la remise d’amendes aux récalcitrants.
Dans les dernières semaines, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a rempli plus de 2000 constats et rapports d’infraction liés à l’application de Loi sur la santé publique. Il s’agit notamment d’amendes remises à des citoyens ne respectant pas les règles de distanciation physique. En ne respectant pas la distance de deux mètres avec des personnes qui ne vivent pas sous son toit, une personne peut recevoir une amende d’environ 1500$ avec les frais.
Or, à l’approche du 1er juillet, des organismes s’inquiètent de la possibilité que des locataires reçoivent des contraventions pour avoir fait appel à leurs amis pour déménager. Plusieurs locataires ne peuvent se permettre de débourser pour les services d’un déménageur professionnel, soulignent-ils.
«C’est possible que des gens qui déménagent un frigo ne puissent pas respecter la distance de deux mètres», illustre à Métro la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.
«Pas d’amendes», assure Québec
Questionnée jeudi dernier lors d’une audience virtuelle de la Commission de l’aménagement du territoire, organisée par l’Assemblée nationale, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a tenté de clarifier ce point. Elle répondait alors à une question de la porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d’habitation, Lise Thériault.
«On l’a dit, les déménagements, il faut être prudent. Ça peut se faire entre amis, mais vraiment avec des mesures sanitaires très, très sévères», a déclaré Mme Laforest, ajoutant qu’il n’y aura «pas d’amendes» pour les locataires qui déménageront avec des amis le 1er juillet. «On a vraiment passé le message», a assuré la ministre.
Cette déclaration n’a toutefois pas rassuré le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
«Il faut que les corps de police soient au courant pour qu’on s’assure que les locataires ne risquent pas d’avoir d’amendes», estime son porte-parole, Maxime Roy-Allard.
Le jugement des policiers
Contacté par Métro, le ministère de la Sécurité publique (MSP) a indiqué les policiers ont été mis au fait du guide des bonnes pratiques de déménagement mis en ligne par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Celui-ci mentionne notamment que les locataires qui décident de déménager avec des amis doivent s’assurer de respecter la distanciation physique de deux mètres.
«Nous nous fions au jugement des policiers, mais il est important de rappeler qu’en tout temps, les gens doivent suivre les consignes émises par la direction de la Santé publique et qu’après le déménagement, il ne doit pas y avoir un rassemblement», indique par courrier le cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.
Le SPVM n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de donner des amendes à des Montréalais qui ne respecteront pas la règle du deux mètres pendant un déménagement.
«Je ne peux pas vous dire qu’on ne donnera pas d’amendes», souligne en entrevue à Métro le chef de la Division des communications du SPVM, André Durocher. Il précise toutefois que la police n’entend pas surveiller de près les déménagements.
«Il n’y aura pas de policiers affectés à suivre les déménagements.» -André Durocher, chef de la Division des communications au SPVM
Le FRAPRU dénonce donc l’incertitude dans laquelle se retrouveront les locataires qui déménageront dans les prochaines semaines.
«On veut qu’il y ait une directive claire à tous les corps policiers pour dire qu’il n’y aura pas de contraventions pour les locataires qui déménagent. Tant que ce ne sera pas fait, il y aura des inquiétudes chez les locataires. On ne peut pas seulement se fier au bon jugement des policiers», martèle Véronique Laflamme.