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COVID-19: le programme de prêts aux locataires jugé «trop restrictif»

Locataires
Environ 457 000 ménages locataires consacrent plus de 30 % de leurs revenus au loyer, et près de 196 000 y réservent plus de 50 %. Photo: Archives Métro

Des organismes communautaires dénoncent que le programme de prêts sans intérêts pour les locataires affectés par la COVID-19, annoncé la semaine dernière par le gouvernement Legault, soit «trop restrictif», en ce sens qu’il risque de négliger plusieurs catégories de personnes très vulnérables dans la société.

«Pour être admissibles, les locataires doivent avoir reçu ou être admissibles à recevoir des prestations de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ou des prestations d’assurance-emploi du gouvernement du Canada en lien avec la pandémie de COVID-19», confirme la Société d’habitation du Québec, qui gère ce nouveau programme d’aide aux locataires.

Une situation inacceptable, aux yeux de la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. «Il y a des familles à faible revenu qui ont encore du mal à payer leur loyer chaque mois. Ce que le gouvernement dit, c’est qu’elles vont être oubliées. Tous ces gens-là vont encore passer dans les craques du système, sans aucune raison valable. C’est une vision complètement décalée par rapport à la réalité», déplore-t-elle.

L’organisme demande aux autorités provinciales de «réajuster le tir» le plus rapidement possible, avant la publication des formulaires de demande de prêts. «C’est une question d’égalité, renchérit Mme Laflamme. On va oublier trop de ménages et de citoyens si on ne révise pas ces règlements-là.»

«Extrêmement inquiétant»

Selon une analyse du Centre canadien de politiques alternatives parue début avril, la PCU est bien loin d’être disponible pour tous. L’organisme estime que 16% des Canadiens «sans emploi» – ce qui représente environ 1,4 million de citoyens – n’ont toujours pas droit à la prestation d’urgence, ni même à l’assurance-emploi.

Par ailleurs, un tiers des Canadiens sans emploi (862 000) ne recevront aucune somme du gouvernement fédéral, selon l’étude en question.

«C’est extrêmement inquiétant. Dans ces ménages exclus, une bonne partie sont au Québec. Ils n’auront accès à aucune aide financière, ni d’Ottawa, ni de Québec.» -Maxime Roy-Allard, du Regroupement des comités logement et associations de locataires (RCLALQ)

Il ajoute que la plupart des foyers «abandonnés» se retrouveront encore plus à risque de subir des évictions de logement ou des hausses de loyer abusives. «Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond au gouvernement pour suggérer des mesures pareilles», indique M. Roy-Allard.

Des prêts de 1500$, est-ce assez?

Mercredi dernier, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, annonçait que des prêts «sans intérêt» de 1500$, remboursables d’ici août 2021, seront offerts aux locataires dont les revenus ont été diminués en raison du coronavirus. D’après le gouvernement, le montant permettra de payer deux mois de loyer, en moyenne.

«Ce sont des solutions concrètes pour aider certains ménages à payer leur loyer, tout en permettant à d’autres d’entrevoir une fin heureuse à leur projet résidentiel. Nous ne laisserons personne de côté.» -Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Mme Laforest avait aussi annoncé une subvention de 2000$ par mois, pendant deux mois, aux citoyens dont l’installation dans une nouvelle résidence sera reportée. Une aide financière de 1000$ couvrira aussi les frais d’entreposage et de déménagement.

«Au même moment où on demande aux locataires de s’endetter davantage, on prévoit des subventions de 5000$ pour des futurs propriétaires. C’est vraiment deux poids, deux mesures», dénonce Véronique Laflamme à ce sujet. Selon elle, la réalité même du marché montréalais contredit le montant du prêt. «1500$ pour deux mois de loyer à Montréal, c’est très loin d’être suffisant», conclut-elle.

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