Près de 40% des jeunes Canadiens de 12 à 17 ans ont peur de contracter le coronavirus, conclut une nouvelle étude parue jeudi, qui appelle la population à ne pas négliger l’impact psychologique de l’anxiété causée par la pandémie. Les «préjudices» sont nombreux, rappelle-t-on.
«On sait que c’est une génération qui compose déjà avec un taux d’anxiété élevé. C’est notre responsabilité de s’assurer de les aider à développer leur résilience, en leur montrant qu’il y a des stratégies pour combattre l’adversité et le stress. Je pense que ça doit devenir une priorité», a expliqué la présidente de l’organisme Expériences Canada, Deborah Morrison.
Réalisé avec l’Association d’études canadiennes et l’Institut Vanier, le rapport s’est penché sur la perception de la COVID-19 chez 1200 jeunes à travers le pays, entre le 29 avril et le 5 mai dernier.
Leur conclusion semble unanime. Autant chez les jeunes de 12-14 ans que chez les 15-17 ans, l’anxiété de contracter soi-même le coronavirus frise les 40%. Ce chiffre bondit respectivement à 66% et 75% quand il s’agit de la peur qu’un proche immédiat tombe malade.
«Beaucoup de choses se sont passées sans qu’on consulte leur opinion, ou qu’on vérifie comment ils vont. C’est essentiel de prendre le pouls de notre jeunesse. C’est elle qui portera le poids de la pandémie le plus longtemps.» -Deborah Morrison, d’Expériences Canada
L’enjeu des plus vulnérables
Selon le rapport, les jeunes les plus vulnérables sont encore plus craintifs. C’est en effet la moitié de ceux et celles aux prises avec un handicap qui craignent de contracter le virus, tout comme plus de 57% des jeunes immigrants. Les minorités visibles sont aussi particulièrement préoccupées, avec 52%. Ces trois catégories conservent aussi plus de craintes pour leurs familles, surpassant parfois les 80%.
«C’est clair qu’on va devoir porter une attention particulière à ces jeunes-là», dit la directrice de l’Institut Vanier, Nora Spinks.
Dans le contexte, la meilleure chose à faire, en tant que parent, «est de garder les lignes de communications ouvertes», ajoute l’experte. «Partagez votre anxiété, sans les terrifier. Dites-leur que c’est normal de moins bien se sentir parfois, bref prévoyez ces moments de conversation dans votre routine», renchérit-elle.
L’activité sportive, lorsque possible, aidera aussi fortement à évacuer le stress, rappelle la directrice à la recherche chez Maple Leaf Sports, Marika Warner.
«La pandémie a créé des barrières inimaginables à la pratique du sport, mais ça aura un rôle-clé dans la reprise, si on veut que nos jeunes se réengagent académiquement, et aient du succès.» -Marika Warner, de Maple Leaf Sports, qui possède entre autres les Raptors dans la NBA
Et l’école pour nos jeunes?
Au-delà du stress causé par la crise, la coalition note dans son rapport que la plupart des jeunes – soit environ 70%, en moyenne, tant au secondaire qu’au cégep – s’ennuient de l’école. Cela dit, à tous les niveaux, plus du tiers des élèves estiment qu’ils font «moins souvent» de travaux scolaires, malgré la mise en place de programmes éducatifs gouvernementaux.
«Le fait que les jeunes fassent moins de devoirs est en réalité très significatif, dit le président de l’Association d’études canadiennes, Jack Jedwab. Avec la rentrée des classes à l’automne, on peut penser qu’il y aura des défis importants pour les enseignants pour garder notre jeunesse à niveau.»
Deborah Morrison, elle, s’inquiète que dans certains milieux, le temps réservé aux travaux scolaires soit quasi-inexistant, à raison de deux heures à peine en moyenne. «C’est vraiment une chute qui m’inquiète», confie-t-elle.
Sans leur professeur, la grande majorité des jeunes s’informent actuellement auprès de leurs parents, surtout chez les 12-14 ans (51%). Chez les 15-17 ans, les nouvelles en ligne (24%) et les médias sociaux (16%) demeurent une source prisée.