«Mon plan est simple : deux ans, un pays.» Plutôt discret depuis le début de la course, le candidat à la chefferie du Parti québécois (PQ) Guy Nantel est sorti de son mutisme mardi, présentant un programme politique en 12 axes.
Président du Québec, constitution de l’État québécois, élargissement de la Loi 101 dans les cégeps, gratuité scolaire et loi encadrant l’atteinte des objectifs de réduction de gaz à effet de serre… l’humoriste aux aspirations politiques a énuméré ses nombreuses propositions devant les journalistes et les militants à Montréal. Tout cela dans le respect des consignes sanitaires.
«Je suis le candidat de la souveraineté», a indiqué d’entrée de jeu M. Nantel. Des quatre candidats à la direction du PQ, il est celui qui prévoit un référendum sur l’indépendance le plus rapidement, soit dans la 2e année d’un premier mandat.
Le référendum porterait plus précisément sur une constitution québécoise, laquelle fixerait les bases d’un potentiel pays du Québec.
Un gouvernement péquiste élu sous M. Nantel éliminerait d’ailleurs le poste de lieutenant-gouverneur, pour le remplacer rapidement par un président, d’abord protocolaire. Dans un Québec indépendant, il serait élu au même titre que le premier ministre provincial.
Indépendance et économie
L’ex-humoriste voit de nombreux avantages à la souveraineté, dont la santé économique. «C’est indéniable que le Québec va gagner économiquement», a-t-il soutenu.
Au centre de son plan économique, le candidat péquiste propose de revoir à la hausse «les paliers d’imposition pour les plus riches». En plus d’encourager l’achat local, un gouvernement dirigé par Guy Nantel négocierait une entente bilatérale avec le Canada.
«Dans le cas peu probable d’un refus du Canada de négocier avec le Québec, il sera de loin le plus grand perdant puisque l’utilisation de nos services et de nos infrastructures se négociera à gros prix», lit-on dans sa plateforme.
École gratuite
Plus de huit ans après le Printemps érable, M. Nantel veut aller là où même l’ex-première ministre péquiste Pauline Marois ne voulait pas aller, en instaurant la gratuité scolaire.
«Bien sûr la gratuité a un prix, le succès. Les reprises d’examens pour un échec ou un abandon devront, elles, être payées», a affirmé l’homme politique.
Toujours dans le milieu de l’enseignement supérieur, il souhaite étendre la Charte de la langue française, ou Loi 101, aux cégeps.
Inquiet de la tendance à la baisse de l’utilisation du français au Québec, et particulièrement à Montréal, il mise sur la francisation des immigrants pour redonner à la langue ses lettres de noblesse.
«On va établir une politique visant à exiger des immigrants qu’ils aient une connaissance suffisante du français pour entretenir une conversation», a martelé M. Nantel lors de son point de presse.
Il refuse toutefois de fixer des seuils d’immigration comme l’ont déjà fait certains de ses adversaires dans la course.
Revoir le budget environnemental
Le ministère de l’Environnement, un parent pauvre du gouvernement du Québec? Oui, selon Guy Nantel, qui veut rapidement hausser la part de ce portefeuille au budget. À terme, la proportion du ministère devra atteindre «au moins 1 % du budget global de l’État québécois, et ce, sans possibilité de le réduire en deçà de ce seuil», lance-t-il.
«Je propose de doter le Québec de la première grande politique environnementale de son Histoire.»
– Guy Nantel, candidat à la chefferie du PQ
Un PQ élu sous sa gouverne lancerait une «loi anti-déficit climatique» et devancerait des projets de transports collectifs «de plus grande envergure comme le tramway reliant le métro de Montréal à la pointe est de l’île».
Une course jusqu’au 9 octobre
Les trois autres candidats à la chefferie du PQ, Sylvain Gaudreault, Frédéric Bastien et Paul St-Pierre-Plamondon, ont déjà présenté une partie de leur programme politique. Candidat depuis le mois de juin, M. Nantel avait pour sa part décidé de garder sa plateforme sous silence.
L’ex-humoriste participera dès la semaine prochaine au premier de trois débats organisés par la permanence du PQ.
C’est le 9 octobre que sera nommé officiellement le prochain chef de la formation. C’est Pascal Bérubé qui occupe le poste de façon intérimaire d’ici l’élection du nouveau chef.