Dure semaine pour le Plan Nord du premier ministre Jean Charest.
Le nom d’un colloque organisé aux HEC était évocateur et les participants percutants. Développement minier, vers un nouveau modèle pour le Québec a réuni une brochette de sommités qui ont passé au peigne fin ce qui se veut «le chantier d’une génération». Le verdict est tombé et laisse songeur : le
Plan Nord n’est pas une panacée, bien au contraire.
Le Plan Nord a été développé sans véritable débat public. On se souvient que l’idée est née dans le contexte de la campagne électorale 2008. Davantage un plan de communication, il est devenu une démarche portée par l’ancienne ministre Normandeau et a été lancé en grande pompe en mai de cette année. Depuis, le premier ministre parcourt le monde pour le vendre.
Si le projet a du potentiel, il importe de faire les choses dans l’ordre et avec le souci d’y faire adhérer la population et d’en tirer le meilleur profit maintenant et demain. Le gouvernement n’a pas respecté ce qu’il impose aux entreprises qui s’établissent au Québec, soit d’assurer l’acceptabilité sociale du projet. Plutôt que de faire une campagne publicitaire de 2 M$, il a le devoir d’expliquer sa démarche, d’écouter la population et d’ajuster le tir.
Cette semaine, l’ancien premier ministre Jacques Parizeau s’est d’ailleurs présenté en homme sage, saluant d’un côté la hausse des redevances dans le dernier budget Bachand et s’inquiétant de l’autre de la générosité de l’État envers les entreprises. Il a souhaité une plus grande réciprocité. Si le Québec construit des infrastructures au profit d’entreprises, les Québécois doivent obtenir une participation dans ces entreprises et avoir leur mot à dire.
À juste titre, Jacques Parizeau a d’ailleurs noté que l’avenir du Québec est lié à l’«économie du savoir» et non pas à l’extraction de minerai, qui représente peu dans le produit intérieur brut. Une affirmation qui met en lumière l’absence d’une stratégie d’innovation et de transformation liée au Plan Nord. Sans quoi, une fois le minerai extrait de notre sous-sol, il ne restera rien à léguer.
S’il pouvait sembler une bonne idée au départ, le Plan Nord suscite aujourd’hui l’inquiétude. Étiqueté comme le chantier d’une génération par le premier ministre du Québec, il présente des lacunes qu’il importe de corriger. Cette semaine, les Québécois voulaient entendre un premier ministre en Chambre. Comme toujours depuis quelque temps, ils ont plutôt eu droit à un homme incapable de s’élever au-delà de la mêlée partisane. Jean Charest souhaite faire du Plan Nord son héritage politique, mais les Québécois risquent plutôt de se souvenir de lui pour son attitude, qui n’est pas à la hauteur de sa fonction…
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.