Bon dernier au pays depuis le début de la pandémie quant au nombre de cas quotidiens de COVID-19 par million d’habitants, le Québec ne porte plus le bonnet d’âne depuis mercredi.
Selon les données de la réputée Université Johns Hopkins, aux États-Unis, c’est le Manitoba qui fait désormais figure de cancre du Canada, avec environ 112 cas par millions, par jour. Le Québec suit de près, avec une moyenne de 109 cas quotidiens par millions.
Dans l’entourage du premier ministre François Legault, on évoque une donnée «encourageante». C’est que la Belle province enregistre depuis le début de la pandémie le plus grand nombre de cas d’infections per capita.
Toujours selon les statistiques de Johns Hopkins, l’Alberta arrive tout juste devant le Québec, avec 102 cas quotidiens par millions d’habitants. L’Ontario en enregistre presque deux fois moins que son proche voisin québécois.
Mardi, le Manitoba avait rapporté le plus important nombre de nouveaux cas sur son territoire depuis le début de la pandémie, avec 183. La province des Prairies canadiennes compte huit fois moins d’habitants que le Québec.
La courbe se stabilise
La statistique de cas par millions est l’une des plus consultées par le premier ministre François Legault. Il s’en est servi à plusieurs reprises pour comparer la situation du Québec à celle de pays touchés par le deuxième vague. Début octobre, il avait rabroué un journaliste qui critiquait ses comparaisons avec certains États américains.
«Il y a deux données qui sont importantes, le nombre de cas par millions ou par 100 000 habitants, puis le nombre de décès», avait alors souligné M. Legault. Selon lui, c’est le «portrait global», soit depuis le début de la pandémie, qu’il faut analyser.
En plus d’être passé devant le Manitoba, le Québec se place effectivement devant plusieurs États américains. Le Michigan, le New Jersey et la Virginie, qui ont des populations semblables à celle du Québec, recensent plus de cas de COVID-19 quotidiens per capita que le Québec.
En matière de décès, toutefois, le Québec fait encore et toujours piètre figure. Avec 73 décès par 100 000 habitants, il est encore bon dernier au Canada. Le Manitoba, par exemple, en compte 4 par 100 000.
Pas une seule donnée
Il y a une valeur aux données quotidiennes par millions, soutient l’expert en épidémiologie Simon de Montigny. Sauf qu’il ne faut pas les prendre isolément, dit-il.
«Il y a des façons de faire à la santé publique pour le dépistage, le traçage de contacts. C’est toute une procédure qui, malheureusement, est différente d’une province à l’autre», constate celui qui professeur adjoint à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Si on se fie uniquement au nombre de prélèvements, le Québec teste environ 50 000 personnes de plus par millions d’habitants que le Manitoba.
Or, les autorités sanitaires québécoises semblent avoir perdu leur rythme de croisière dernièrement. Cela fait trois semaines que la Santé publique n’a pas rapporté plus de 30 000 tests en une journée. Ce nombre avait été atteint à de nombreuses reprises en septembre.
D’après M. De Montigny, «ultimement», c’est la réduction des contacts qui dicte la courbe de COVID-19. Le directeur national de Santé publique, Dr Horacio Arruda, en a d’ailleurs fait un objectif afin de réduire la pression sur le système de santé.
«C’est le power, le pouvoir de la réduction des contacts.» – Dr Horacio Arruda