La loi 21 sur la laïcité se rapprocherait d’un «concept libéral», a souligné un expert en pensée politique au septième jour du procès de la pièce législative, contrairement à ce que les parties demanderesses tenteront de plaider.
Plusieurs groupes tentent de faire annuler, en tout ou en partie, la loi 21 qui interdit le port de signe religieux par les employés de l’État, dont les enseignants.
Une laïcité libérale s’opposerait à une laïcité républicaine. Où se situe la loi 21?
Mardi après-midi, le professeur de sciences politiques à l’UQAM Marc Chevrier a témoigné du fait que la loi 21 se rattachait à un «esprit plus libéral».
Dans un premier temps, il souligne que l’État ne s’attribue pas un monopole en matière d’éducation puisqu’il existe des écoles publiques et privées. «La loi 21 prend acte de ce dualisme scolaire présent au Québec. En ce sens, c’est une façon de penser libérale», a-t-il précisé.
Dans un deuxième temps, M. Chevrier relève «l’extension de la notion d’impartialité dans plusieurs domaines du service public».
C’est-à-dire que la fonction même d’enseignant doit s’exercer avec une certaine impartialité. Celle-ci se traduit par l’absence de signe religieux. «Cet élément d’impartialité se rattache à la tradition rationaliste qui s’inscrit dans la loi», a ajouté Marc Chevrier.
Son interrogatoire se poursuivra demain matin au palais de justice de Montréal.
La semaine dernière, un expert d’une des parties demanderesses, Jocelyn Maclure, opposait la loi 21 sur la laïcité au concept de laïcité ouverte, dite libérale ou pluraliste.
«D’un point de vue législatif, la loi 21 est la première rupture du modèle de la laïcité ouverte», avait-il déclaré devant la Cour.
Défavorable au libre examen
Mardi matin, le professeur de philosophie au niveau collégial François Dugré a témoigné du fait que la présence de signes religieux à l’école nuisait au «libre examen» de ses étudiants.
Selon lui, beaucoup d’étudiants ont de la difficulté à s’exprimer sur les questions religieuses. Il associe cette «gêne» au port de symbole religieux par certains enseignants. L’école se doit d’être un lieu de débat qui favorise toutes les questions, a-t-il avancé.
«Les étudiants ont appris presque à se taire sur les enjeux religieux. On ne peut pas être autonome si on est contraint et gêné par ces questions», a-t-il fait valoir.
La présentation de la preuve des parties défenderesses se poursuit demain. Le procès qui s’est ouvert la semaine dernière devrait durer cinq à six semaines.
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