Plus de la moitié des écoles du Québec devront ouvrir portes et fenêtres cet hiver pour assurer la circulation de l’air et freiner la transmission de la COVID-19. Selon le gouvernement du Québec, la situation est «satisfaisante».
Mis sous pression par les groupes d’opposition et la circulation de la COVID-19 dans le réseau scolaire, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a rendu disponible vendredi un document intitulé «État d’avancement des mécanismes de contrôle de la qualité de l’air intérieur mis en place par les centres de service scolaires».
Le rapport, promis par Québec, détaille notamment le pourcentage d’écoles ventilées sur le territoire. Selon les données rapportées, 99% des établissements d’éducation primaires et secondaires publics font état d’un niveau de ventilation suffisant.
Le ministère de l’Éducation précise toutefois qu’une école qui «assure la ventilation naturelle» par l’ouverture de fenêtres ou de portes convient à ses critères de circulation de l’air.
«Selon les données de janvier 2020, le réseau des [centres de services scolaires et des commissions scolaires] compte […] 3227 bâtiments scolaires, dont 1357 sont ventilés mécaniquement et 1870 n’ont pas de système de ventilation mécanique (ventilés naturellement)», peut-on lire à l’intérieur du rapport.
Près de 1900 écoles devront donc ouvrir les fenêtres cet hiver pour assurer une circulation de l’air suffisante.
Roberge persiste et signe
Le ministre de l’Éducation soutient que la stratégie de Québec tient la route. Et ce, malgré le nombre grandissant de publications sur la transmission du virus par aérosols.
«Nos milieux scolaires sont sains et sécuritaires, a-t-il indiqué vendredi dans un communiqué de presse. Je suis rassuré de constater que les données compilées démontrent que les mécanismes de contrôle mis en place sont efficaces.»
Selon une étude non exhaustive publiée cette semaine, plusieurs écoles du Grand Montréal ne répondent pas aux besoins de ventilation imposés par la pandémie. Des analyses de la présence de CO2 dans une vingtaine de classes ont démontré que 75% d’entre elles dépassaient le taux «acceptable».
D’après les experts derrière cet exercice, un taux plus élevé de CO2 signifie que l’air ne circule pas suffisamment. Vendredi, Québec s’est engagé à faire des tests d’échantillonnage à travers la province dès décembre afin d’en apprendre plus sur la circulation de l’air à l’intérieur des classes.
«Consternant»
Le trio de portes-paroles à l’éducation dans les groupes d’opposition était unanimement découragé en lisant le rapport publié vendredi. Marwah Rizqy, du Parti libéral, s’offusque de voir le ministre Roberge se référer à de nouveaux tests dans l’école alors que, maintient-elle, toutes les données scientifiques existent.
Le manque d’appareils de ventilation mécaniques dans les écoles, «c’était connu», tonne-t-elle.
«C’est pour ça qu’on a immédiatement demandé au ministre de faire l’achat de purificateurs d’air portables», ajoute la députée de Saint-Laurent.
Chez Québec solidaire et au Parti québécois aussi, on demande de faire les appels d’offres pour se procurer ces appareils.
«On a évalué à 80 M$ l’achat de purificateurs pour toutes les classes. Ça ne sera probablement pas nécessaire dans toutes les classes», signifie la députée solidaire Christine Labrie.
«C’est un constat d’échec. C’est aussi aberrant que l’enjeu des climatiseurs durant les canicules dans les CHSLD.» – Christine Labrie
Pour Véronique Hivon, du Parti québécois, l’état de la ventilation dans les écoles du Québec est «consternant». L’achat de purificateurs est urgent, poursuit-elle.
«Même si on avait un peu trop d’appareils, avec tous les CHSLD et les hôpitaux vétustes, ça viendrait aider, dit-elle. Le ministre continue de dire qu’il n’en a pas besoin.»