Appuyé par à peine le tiers de la population, selon un sondage, le projet Énergie Saguenay de GNL Québec pourrait aussi avoir perdu des plumes au gouvernement. Selon Québec, «les conditions ne semblent pas avoir été livrées» pour justifier des fonds publics.
Pourtant, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, avait déjà évoqué un «préjugé favorable» pour le projet de liquéfaction de gaz qui doit s’installer près du fjord du Saguenay.
Or, mercredi, son collègue à l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a fait entendre un son de cloche différent.
«Il y a deux conditions: l’acceptabilité sociale et le respect des normes environnementales. Pour l’instant, [elles] ne semblent pas avoir été livrées», a souligné le ministre en chambre, en réponse aux questions de la députée solidaire Ruba Ghazal.
Les québécois défavorables au projet
M. Fitzgibbon réagissait par le fait même à l’émission d’un sondage de la firme Léger qui confirme que près d’un québécois sur deux (46%) est défavorable au projet. Cette proportion monte à 49% chez les francophones.
En comparaison, le tiers (34%) des répondants se sont dits «favorables». Ce chiffre baisse à 32% chez les francophones.
Parmi ce nombre, seulement 11% y étaient «très favorables». En comparaison, deux fois plus de Québécois (21%) sont «très défavorables» à GNL Québec.
De plus, 60% des répondants âgés de 18 à 24 ans sont contre le projet. Cette proportion monte à 68% chez les étudiants.
Contre un appui financier
Réalisé à l’échelle de la province du 20 au 22 novembre 2020, le coup de sonde révèle aussi que la population est fortement opposée à une participation financière des gouvernements dans ce projet d’exportation de gaz.
En effet, la majorité des Québécois (54%) sont «défavorables» à un appui financier de l’État. Or, deux fois moins (28 %) de répondants se disent «favorables».
Chez les francophones, 58% se disent «défavorables» à une participation financière des gouvernements.
Selon les organisations environnementales, dont Greenpeace, qui ont commandé le sondage, la population envoie un message clair aux élus.
«Les projets d’énergies fossiles ne passent pas et ils passent encore moins lorsqu’on utilise notre argent public pour les maintenir artificiellement en vie», affirment-elles.
Le gouvernement de la Coalition avenir Québec garde toutefois la porte bien ouverte. «On va attendre de voir ce qui va arriver» avec les conclusions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), attendues d’ici janvier, a martelé M. Fitzgibbon.
«Depuis deux mois, j’ai passé zéro temps sur GNL Québec.» – Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie
Réactions des partis
À partir du sondage Léger, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, conclut que l’acceptabilité sociale du projet «n’a jamais été au rendez-vous». Il estime que le gouvernement ne devrait pas appuyer GNL Québec.
«C’est complètement incohérent comme projet avec leur plan pour économie verte qui déjà est nettement insuffisant par rapport aux exigences de la science», pense-t-il.
Même son de cloche du côté de Québec Solidaire.
La députée solidaire Ruba Ghazal appelle le premier ministre François Legault à se ranger du côté de la majorité et à abandonner définitivement le projet. «Il est temps que la CAQ ferme définitivement la porte à GNL Québec et qu’elle passe à autre chose », soutient-elle.
En collaboration avec François Carabin.