La COVID-19 aura laissé une profonde entaille au sein de la société québécoise. En 2020, 74 550 personnes ont perdu la vie au Québec, des données de mortalité 10% plus élevées que l’année précédente.
C’est ce qui ressort d’un rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) paru jeudi matin.
Si la province observe une hausse presque annuelle du nombre de décès depuis dix ans, jamais n’avait-elle été si marquée. En fait, de 2010 à 2019, la hausse annuelle du nombre de décès atteignait en moyenne 2%.
Or, la COVID-19 a fait de 2020 une anomalie. En avril et en mai, alors que la maladie faisait des ravages dans les CHSLD, 15 650 personnes se sont éteintes au Québec. C’est 4100 de plus qu’en 2019.
«La hausse du nombre de décès au Québec en 2020 est à mettre en lien avec la pandémie de COVID-19, dont les effets ont été particulièrement marqués entre la fin du mois de mars et le début du mois de juin», analyse l’ISQ dans son rapport.
Une fin d’année difficile
Si la tendance des décès s’est rapprochée de la moyenne au cours de l’été, elle s’en est de nouveau détachée à la fin 2020. En décembre, particulièrement, 6 800 personnes ont perdu la vie, soit 750 de plus que sur la même période, douze mois plus tôt.
Une tendance sans doute attribuable à l’automne, durant lequel les hospitalisations liées à la COVID-19 se sont accélérées dans la province.
Les données sur la COVID-19 de l’Institut national de santé publique du Québec le démontrent. D’en moyenne 70 décès par semaine au mois d’octobre, la province est passée à près de 300 à la fin du mois de décembre.
La tendance s’est poursuivie au début de 2021, alors que des moyennes mobiles de 50 décès «COVID» par jour ont été atteintes.
D’après l’experte en démographie Simona Bignami, les décès observés l’an dernier ne sont que la «pointe de l’iceberg».
«Un décès n’est qu’une issue de la pandémie. Il y a des impacts en termes de santé physique liés à la COVID longue, des impacts de la pandémie sur la santé mentale. Tous ces éléments font partie de la charge de morbidité», explique cette professeure agrégée à l’Université de Montréal (UdeM).
Un autre facteur qui pourrait affecter la société québécoise à long terme: le délestage. Selon Mme Bignami, ce report de chirurgies non urgentes ne sera pas sans conséquence.
«En principe, les conséquences du délestage devraient être plus importantes que ce printemps.» – Simona Bignami, professeure au Département de démographie de l’UdeM
Commémoration nationale
Le Québec aura d’ailleurs sa journée de commémoration des victimes de la COVID-19. Lors d’un point de presse, jeudi, le premier ministre François Legault a confirmé la tenue d’une journée nationale de commémoration le 11 mars.
«On veut que toute la nation québécoise offre ses condoléances à toutes les familles puis à tous les proches de ceux qui sont partis beaucoup trop vite», a-t-il indiqué.