Le centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière met en place des mesures de sécurisation culturelle, dont une formation obligatoire pour tout le personnel, et crée un «comité de réconciliation» en collaboration avec le Conseil Atikamekw de Manawan, la communauté dont faisait partie Joyce Echaquan.
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, et la présidente-directrice générale par intérim du CISSS de Lanaudière, Caroline Barbir, en ont fait l’annonce lors d’une conférence virtuelle jeudi matin.
Ils étaient accompagnés du chef du conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, et du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.
La sécurisation culturelle est une manière de s’assurer que les soins de santé sont culturellement adaptés aux personnes qui reçoivent ces services. «La clientèle va se présenter sur place, va pouvoir recevoir des soins et va se sentir à l’aise. Ils vont être rassurés», a précisé Ian Lafrenière.
Formation obligatoire sur les enjeux autochtones
Les nouvelles mesures de sécurisation culturelle comprennent une formation obligatoire pour l’ensemble des employés du CISSS. «Cette formation vise à sensibiliser et à former le personnel aux réalités autochtones», a indiqué Caroline Barbir.
La formation pourra commencer à être offerte aussitôt que son contenu aura été entériné par des membres de la communauté atikamekw, a-t-elle ajouté.
Ce genre de formation pourrait être étendue à tous les établissements de santé du Québec voisins d’une communauté autochtone, a laissé entendre Christian Dubé. «C’est sûr qu’il va y avoir un déploiement qui va se faire au cours des prochains mois», a-t-il affirmé.
Nouveaux postes comblés par des Atikamekw
Par ailleurs, plusieurs nouveaux postes ont été créés au CISSS de Lanaudière pour améliorer les relations entre la communauté atikamekw de Manawan et la direction de l’établissement.
Lundi dernier, une nouvelle agente de liaison en sécurisation culturelle pour la communauté atikamekw de Manawan est entrée en fonction au CISSS de Lanaudière. Ce deuxième poste a été créé pour compléter l’accessibilité de la sécurisation culturelle.
«Le rôle que joue ces agents de sécurisation culturelle n’est pas juste important pour la communauté atikamekw, mais il est tout aussi important pour nos employés. Cette personne-là va nous guider, nous permettre de mieux comprendre et de bien adresser les réalités autochtones», a déclaré Mme Barbir.
De plus, un poste-cadre d’adjoint au président-directeur général (PDG) du CISSS de Lanaudière, affecté aux relations autochtones, a été créé.
Cette personne «aura comme responsabilité d’identifier les différentes actions prioritaires, de concert avec le comité de la réconciliation, pour mener à terme un réel changement de culture au sein de notre CISSS», a indiqué la présidente-directrice générale par intérim du CISSS de Lanaudière
Finalement, un poste de commissaire adjoint aux plaintes et à la qualité des services a aussi été créé pour recueillir les signalements de la communauté autochtone de la région.
L’ensemble de ces nouveaux postes seront comblés par des personnes de la communauté atikamekw.
Création d’un conseil de réconciliation
Le suivi de toutes ces nouvelles mesures de sécurisation culturelle sera assuré par un comité de réconciliation où siègeront notamment des membres du Conseil Atikamekw de Manawan et de la direction du CISSS de Lanaudière.
Ce nouveau comité agira aussi comme «table de mise en commun» des préoccupations de la communauté autochtone.
«On a tous le droit de vivre, d’être soignés et de mourir dans la dignité. Il est de notre devoir de faire cet effort collectif pour garantir un changement véritable et durable au sein des établissements du réseau de santé et de services sociaux non seulement de la région, mais dans l’ensemble du Québec», a fait valoir le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa.
Québec a également offert à la communauté atikamekw un siège au sein du conseil d’administration du CISSS de Lanaudière.
Rappelons que Joyce Echaquan, une femme de la communauté atikamekw de Manawan, a tragiquement perdu la vie à l’hôpital de Joliette sous une pluie d’insultes racistes de la part d’infirmière.
Caroline Barbir a assuré que les trois employés qui étaient directement impliqués dans cette mort ne travaillaient plus au sein de l’établissement. Si l’infirmière et la préposée ont été congédiées, la chef du service de l’urgence a pour sa part démissionné.