Pour répondre à la demande en tests COVID dans les structures de santé, le Laboratoire de santé publique du Québec a développé ses propres trousses de tests. Toutefois, celles-ci ne sont pas approuvées par Santé Canada. Cela dit il n’y aurait pas lieu de s’en inquiéter.
«J’ai passé plus de 40 tests de COVID depuis 2020. Ils sont tous négatifs. Mais je ne suis plus sûr de rien. Ils ne sont pas reconnus par Santé Canada», s’inquiète au bout du fil Réal*, préposé aux bénéficiaires à l’hôpital Sacré-Cœur de Montréal.
Ses relevés de résultats mentionnent effectivement en bas de page: «Analyse RT-PCR effectuée par une technique non approuvé Santé Canada».
Il travaille auprès de malades infectés par le nouveau coronavirus. S’il n’a jamais présenté de symptômes, il craint d’avoir quand même été vecteur de la maladie.
La RT-PCR est une méthode qui permet de réaliser une réaction en chaîne par polymérase. On démultiplie à partir d’un tout petit échantillon d’ADN ou d’ARN en milliards de séquences.
La technique se pratique grâce à un appareil particulier qui permet de voir en temps réel la synthèse des fragments génétiques.
C’est ainsi que sont analysés les prélèvements faits avec des écouvillons de 15 cm terminés par une brosse que le personnel de santé enfonce dans le nez des patients pour recueillir des sécrétions et des cellules.
Débrouillardise
Ces échantillons sont envoyés au laboratoire Optilab du CHUM où sont centralisées les analyses pour les structures de santé du CIUSSS du Nord-de-Montréal.
Toutefois, les trousses de dépistages composées d’écouvillons et de tubes hermétiques stérilisés ont été développées localement par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) et distribuées partout au Québec.
«Le laboratoire [Opitilab] n’utilise pas une trousse de dépistage commerciale approuvée par Santé Canada», confie dans un courriel Lucie Dufresne, conseillère en communications au CHUM.
Le LSPQ a dû s’approvisionner seul pour faire face à la pénurie en début de pandémie.
«Aucune trousse commerciale n’existait en début de pandémie puisque nous faisions face à nouveau virus», souligne Mme Dufresne.
Une solution rapide et pratique alors que la demande en tests devenait de plus en plus criante. Des stocks sont toujours disponibles.
«L’utilisation de ces tests permet d’assurer une plus grande capacité de dépistage à notre clientèle», relève la représentante du CHUM.
Avant d’être vacciné, Réal, le PAB de Sacré-Cœur, affirme qu’il passait jusqu’à trois tests par semaine certaines fois.
Pas de soucis?
Pour Santé Canada il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les services de santé provinciaux dispensent les prestations médicales et peuvent mettre au point leurs propres tests.
«Les laboratoires peuvent concevoir leurs propres méthodes de dépistage et de prélèvement d’échantillons pour la COVID-19 qui n’ont pas l’obligation d’être approuvés par Santé Canada. Ils doivent s’assurer que les tests donnent des résultats exacts et fiables, y compris que les méthodes de prélèvement et de dépistage utilisées sont sécuritaires et efficaces», indique dans un courriel un relationniste chez Santé Canada.
Mme Dufresne rassure au passage que c’est du matériel sûr et sa validité scientifique n’est pas remise en question.
«Nos tests sont soumis à des contrôles de qualité internes et externes. De plus, il faut savoir que les laboratoires sont accrédités par les normes ISO 15189, ce qui assure la qualité du travail et des analyses qui y sont effectuées», précise-t-elle.
Les équipements développés par une structure reconnue sont valides dès lors qu’ils répondent à des essais convenus scientifiquement.
*nom fictif
889 016
Nombre de prélèvements COVID analysés en mars au Québec. Cela représente une moyenne quotidienne de 28 678.