La refonte de la carte policière, incluant notamment la fusion des services de police, qui passeraient de 31 à 13, serait un chantier «à très long terme», a convenu la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault.
Il est suggéré que plusieurs services fusionnent, et que la Sûreté du Québec (SQ) prenne en charge un territoire plus important. Il s’agirait d’un changement qui devrait être «documenté et chiffré» avant d’être entrepris.
«Il faut discuter avec la communauté policière, avec les représentants municipaux. Dans les divers thèmes abordés, c’est l’un de ceux les plus complexes, qui nécessite le plus de réflexion, de travail», a réagi la vice-première ministre Guilbault.
Si cette réforme est adoptée, il faudra garder à l’œil le service offert aux régions, prévient la cheffe du parti Libéral, Dominique Anglade. «On veut fusionner beaucoup de choses, ça sera important qu’on prenne en compte certaines réalités régionales par rapport aux corps policiers», souligne-t-elle.
Le chef du Parti Québécois Paul St-Pierre Plamondon abonde dans le même sens, soulignant qu’il sera important que «la compréhension locale des enjeux ne disparaisse pas en raison d’une centralisation.»
Stabilité à prévoir
En ce qui concerne l’intégration d’une unité spécialisée en crimes économiques et en cybercriminalité à l’Unité permanente de corruption (UPAC), Mme Guilbault «ne ferme pas la porte». Le Comité consultatif sur la réalité policière suggère qu’on y regroupe des acteurs des sphères publiques et privées pour y privilégier un partage de connaissances.
Il faut laisser le temps à l’UPAC de terminer sa réorganisation avant d’envisager une telle avenue, considère la vice-première ministre.
«Sur la forme, on y réfléchira. On a déjà fait beaucoup de choses, lance-t-elle. C’est une organisation relativement jeune. Il faut lui laisser du temps.»
Collaboration et diversité
Hormis la fusion et l’UPAC, quelques-unes des 138 recommandations présentées dans le rapport de réforme de la Loi sur la police pourraient toutefois être adoptées dans un avenir rapproché.
On souhaite notamment promouvoir une «police de concertation», engagée avec ses partenaires communautaires et adoptant une approche multidisciplinaire. «Cette idée est très bienvenue. J’aurai des annonces là-dessus bientôt», laisse planer Mme Guilbault.
Un désir d’améliorer l’inclusion de policiers de minorités ethnique et visible a aussi été exprimé. Pour cela, il faudrait améliorer la vision des étudiants envers les études en techniques policières.
«Pour se rendre à l’école de police, il faut que tu aies choisi la technique policière. Si un corps policier veut en embaucher plus, on n’en aura pas plus [de candidats]», considère Mme Guilbault.
L’ajout de soutien psychologique sera aussi priorisé. «Dans les plus petits corps de police, l’accès aux ressources n’est pas toujours la même. Ça aussi, je travaille là-dessus», affirme-t-elle.
Critiques
Le rapport du Comité consultatif sur la réalité policière était «superficiel», a déploré le leader parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Une réflexion «bien plus large» aurait dû être lancée, à son avis.
«Est-ce que c’est normal qu’une vaste proposition de cas qui sont gérés par les corps policiers ne relève pas d’enjeux de sécurité publique, mais plutôt d’enjeux sociaux?», soulève-t-il.
L’UPAC est toujours pertinente, estime-t-il, mais doit «se mettre à rendre des résultats», afin que les «gens corrompus se retrouvent derrière les barreaux».