Écoute électronique, relevés d’appels téléphoniques, messages textes… les preuves s’accumulent contre Robert Marcil qui a continué mardi de banaliser ses relations avec les entrepreneurs.
Toute la journée, le procureur de la Commission Charbonneau, Denis Gallant, a tissé sa toile. En fin de journée, il a assené le coup de grâce en déposant en preuve des messages PIN ou SMS obtenus par l’escouade Marteau, entre M. Marcil et Giuseppe Borsellino de Garnier Construction. Sollicité par ce dernier, M. Marcil lui fourni des informations sur un contrat à venir à la Ville de Montréal et sur le montant du projet, une somme de plus ou moins 15 M$ pour le Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
L’ancien directeur à la Réalisation des travaux à la Ville de Montréal avait pourtant affirmé à plusieurs reprises qu’au cours de ses nombreux lunchs avec les entrepreneurs, il s’était contenté de partager des informations publiques contenu dans le Programme Triennal d’immobilisations.
Déjà en matinée, grâce aux relevés téléphoniques obtenus par la commission, le procureur Me Denis Gallant, avait démontré qu’entre 2005 et 2009, M. Marcil discutait régulièrement avec les entrepreneurs, et pas n’importe lesquels. Ces appels provenaient des entrepreneurs qui ont été identifiés comme prenant part au groupe pratiquant la collusion.
Si on ajoute les appels et les lunchs avec les représentants des firmes de génie, on constate que les «relations d’affaires» de M. Marcil l’occupait sur une base quotidienne.
M. Marcil dit même avoir été surpris lorsqu’il a entendu des entrepreneurs confesser devant la commission qu’ils avaient organisé la collusion. «Vous me dites ça en me regardant dans les yeux… vous êtes surpris», a questionné Me Gallant. «Absolument», a répondu M. Marcil.
La commission s’est ensuite attardée au voyage en Italie que M. Marcil a fait en compagnie de M. Borsellino, après que la Ville lui eut accordé sans appel d’offres des travaux d’urgence de 5 M$. Jocelyn Dupuis, l’ancien directeur général de la FTQ-Construction était également du voyage.
M. Marcil a soutenu qu’au départ, il pensait payer ses dépenses en Italie, mais que M. Borsellino a insisté pour les payer. «Vous étiez haut-fonctionnaire, vous aviez une tête sur les épaules! Et vous deviez faire preuve d’un petit peu de jugement!» s’est exclamée la juge Charbonneau. «Ça a été un manque de jugement, je suis tout à fait d’accord avec vous», a simplement admis M. Marcil.
Le 25 juin 2009, le maire Gérald Tremblay a appris les faits par une lettre anonyme. M. Marcil s’était alors engagé à fournir des justificatifs de paiement de son voyage. Quelques jours plus tard, il a plutôt remis sa démission.
Ils ont dit:
«Sérieusement, des questions, vous ne vous en êtes jamais posées? Vous êtes sous serment. » -Me Gallant
«Je ne me suis jamais posé de questions quant à une collusion possible de la part des ingénieurs conseils ou de la part des entrepreneurs» –Robert Marcil