Au lendemain d’une marche rassemblant des milliers d’individus rendant hommage aux victimes autochtones, aucune recherche n’a été lancée sur les sites des anciens pensionnats du Québec. Des communications ont toutefois été entamées entre les communautés et le secrétariat des Affaires autochtones.
«Certaines communautés nous on fait part de leur désir d’entamer le processus de recherches, mais la plupart n’ont toujours pas pris de décisions», explique le cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière.
Le gouvernement ne précise pas de quelles communautés il est question. Certaines d’entre elles sont entrées directement en relation avec le secrétariat, et vice versa. «Nous voulons aller à leur rythme, les laisser déterminer comment elles veulent procéder. Nous ne voulons pas mettre de pression sur qui que ce soit», précise-t-on au cabinet.
Demandes claires
Il y a près d’un mois, le ministre Lafrenière avait indiqué que des recherches pourraient être effectuées sur les sites d’anciens pensionnats du Québec, à condition que ce soient les familles concernées qui en fassent la demande. «On ne veut pas prendre une décision pour elles, avait-il dit. Est-ce qu’elles sont prêtes à passer à travers cette étape douloureuse?»
Des «investigations immédiates sur tous les sites de pensionnats du Canada» ont depuis été demandées par l’Alliance autochtone du Québec.
«Nous ne supportons pas les agissements du gouvernement du Canada et ses actions négatives
face à ce drame, a réagi le président et Grand Chef Gérard Coulombe. Il est temps que des démarches positives soient entreprises et non seulement face aux pensionnats autochtones.»
L’organisme Femmes autochtones du Québec a aussi demandé des actions concrètes des deux paliers de gouvernement pour que les familles concernées «obtiennent la vérité afin que leur processus de guérison puisse débuter».
«Allons-nous un jour enfin être reconnus comme de vrais êtres humains dont les vies valent autant que toutes les autres?, se questionne la présidente Viviane Michel. Tant qu’il n’y aura pas de réparation, il n’y aura pas de réconciliation.»
Simplifier le processus
Pour permettre aux familles de retrouver leurs proches disparus dans les pensionnats autochtones, un guichet unique a été mis sur pieds par Ottawa et Québec. Un ancien chef de la police au Nunavik, Michel Martin, agit en tant qu’agent de liaison. Son mandat est de faciliter les communications avec les Premières Nations.
Le but de cette unité est simple: faciliter la communication et la documentation dans le cas d’éventuelles recherches. «On ne veut pas jouer à une game de ping-pong entre le fédéral et le provincial», avait résumé le ministre responsable des Affaires autochtones Ian Lafrenière en juin, lors de l’annonce de la création du guichet.
Période sombre
Au Québec, de jeunes autochtones ont fréquenté de force 12 pensionnats et foyers fédéraux différents, entre 1937 et 1991. Ils étaient gérés par des Oblats, des anglicans, ou tout simplement des institutions fédérales d’aucune confession religieuse.
On en retrouvait dans plusieurs villes du Québec, comme Amos, La Tuque ou Sept-Îles. Dans ces établissements, on tentait de sédentariser les Premières Nations, de les franciser et les assimiler à la culture canadienne française.