Le premier ministre François Legault a réagi en début d’après-midi au rapport de la coroner Géhane Kamel sur l’affaire Joyce Echaquan. S’il a reconnu qu’il existe des préjugés et du racisme au Québec, M. Legault a refusé de reconnaître le racisme systémique au Québec, comme le recommandait la coroner.
Il s’est notamment appuyé sur une définition de «systémique» tirée d’un dictionnaire pour justifier que le système dans son ensemble n’était pas raciste. «Il y a plusieurs définitions de racisme systémique», justifie-t-il. Aucun «système organisé qui part par en haut» ne promeut le racisme envers les Premières Nations, ajoute-t-il.
C’est toutefois clair à ses yeux: Joyce Echaquan a bel et bien été victime de racisme. «Il y a eu des préjugés, de la discrimination, du racisme égard de Mme Echaquan. C’est inacceptable, on fera tout en notre possible pour que ça n’arrive plus jamais.»
Deux groupes de Québécois existent, se plait à rappeler le premier ministre: ceux qui croient au racisme systémique et ceux qui n’y croient pas. «Le but, c’est de travailler ensemble pour combattre les préjugés et le racisme. Oui, au Québec, il y a des préjugés, il y a du racisme», a avoué M. Legault.
Le chef de la CAQ a «l’obligation morale de donner suite sans hésitation» à la recommandation de reconnaître le racisme systémique, estime le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard.
Vision différentes
Dans son rapport déposé vendredi, le coroner Géhane Kamel statue que le gouvernement doit reconnaître la notion de racisme systémique pour «contribuer à son élimination».
«Il est désormais inacceptable que de larges pans de notre société nient une réalité aussi bien documentée», estime Me Kamel. Le racisme et les préjugés dont Mme Echaquan a été victime «ont certainement été contributifs à son décès», conclut-on.
En suggérant au gouvernement d’enrayer le racisme systémique, Me Kamel n’a pas outrepasser son devoir de coroner, considère le premier ministre François Legault. À son avis, les deux individus ne possèdent simplement «pas la même définition» du racisme systémique. Conséquemment, le premier ministre accueille son rapport, sans le décréditer.
Sortie émotive
Revenant sur son mea culpa publié sur Facebook, M. Legault avoue qu’il a été «plus fort que lui» d’aborder la vidéo du député Gregory Kelley au Salon bleu. Il exprime également des regrets quant à sa sortie sur la journée de la Réconciliation. Un férié ne pourrait pas être instauré ce jour-là, avait-il justifié, pour des raisons de «productivité».
«De la façon que c’est sorti, j’avais l’air d’un sans cœur. Je ne pense pas que je suis un sans cœur», a-t-il partagé.
Dépasser la ligne
Outre le premier ministre, le Parti québécois ne reconnaît toujours pas la notion de racisme systémique. Son chef, Paul St-Pierre-Plamondon, estime que la coroner a outrepassé son devoir en demandant au gouvernement de reconnaître ce principe.
«Dans ce décès accidentel, le racisme a contribué au décès, admet-il. On trouve ça très grave. Maintenant, est-ce que c’est le rôle d’un coroner d’imposer un biais idéologique et de tirer des conclusions sociologiques? Moi, je rappelle que le rôle d’un coroner, c’est de tirer des conclusions factuelles sur les circonstances du décès.»
Si la coroner juge que la cause du dècès de Mme Echaquan est le racisme systémique, il était de «sa responsabilité légale et morale de le dire», considère le député de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.
Pour les Libéraux, il est important de nommer «l’éléphant dans la pièce» qu’est le racisme systémique. «Parce qu’ultimement ce qu’on veut, c’est quoi? C’est de pouvoir régler les problèmes. Nommons le problème pour pouvoir avancer», a raisonné la cheffe Dominique Anglade.