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Les préjugés sont présents partout au Québec, estime la coroner

Géhane Kamel, coroner en charge de l'enquête sur la tragédie dans les CHSLD pendant la pandémie de covid-19
Me Géhane Kamel Photo: Josie Desmarais/Métro

Les préjugés raciaux sont présents dans toutes les régions du Québec, et pas seulement à Joliette, où l’Atikamekw Joyce Echaquan est décédée, estime la coroner Géhane Kamel.

«Le système est souvent un point de convergence. La discrimination est bien documentée. C’est le temps d’exiger un leadership fort, des politiques inclusives», indique Me Kamel.

La coroner présentait mardi son rapport sur le décès de Joyce Echaquan, à Trois-Rivières. «Nous devions faire la lumière sur cette mort pour qu’elle ne soit pas vaine. Il est inacceptable que notre communauté nie une réalité bien documentée», indique Me Kamel, en référence au racisme systémique.

On est dans une preuve réelle que le système a échoué.

Géhane Kamel, coroner

La notion de racisme systémique demeure «à [s]es yeux indéniable». «Quand une cheffe de service est mise au courant de la fameuse vidéo qui circule, et que sa première préoccupation est de rassurer son infirmière, qu’elle n’est pas suspendue sur-le-champ, ça me fait dire que le système contribue à banaliser ce genre de propos là.»

La position de la famille de Joyce Echaquan, qui souhaite que la notion de racisme systémique soit reconnue, n’a eu aucune incidence sur le rapport, assure Me Kamel. À son avis, si Joyce Echaquan avait eu la peau blanche, elle ne serait pas décédée, et si la scène n’avait pas été filmée, elle n’aurait jamais pu être dévoilée au grand jour.

Rôle défini

Me Kamel a réfuté les propos de certains de ses dénigreurs, comme le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon, qui estiment qu’elle a outrepassé son rôle en demandant au gouvernement de reconnaître le principe du racisme systémique.

«Mon rôle n’est pas de débattre d’enjeux politiques. Il est d’établir des circonstances à partir de faits. Bien que cela puisse être difficile à entendre, c’est un système empreint de préjugés et de biais qui a contribué à ne pas prendre la situation au sérieux», établit-elle.

Le rôle des coroners demeure peut-être méconnu, opine Me Kamel. Leurs recommandations permettent l’adoption de nouvelles lois, comme ce fut le cas pour l’utilisation d’un cellulaire au volant, la réglementation des piscines résidentielles et du camionnage. «C’est tout à fait le rôle du coroner de regarder une situation précise et d’émettre des recommandations pour la protection de la vie humaine», rappelle-t-elle.

Aucun commentaire ne sera émis sur la position du gouvernement, qui pour l’heure, refuse d’admettre l’existence du racisme systémique. «C’est à eux de décider s’ils saisiront l’opportunité d’un dialogue et d’un changement notoire à cette nécessaire rencontre de l’autre», a-t-elle laissé tomber.

Le premier ministre François Legault se prononcera sur le rapport de la coroner en début d’après-midi, mardi.

Recommandation claire

Dans son rapport déposé vendredi, Me Kamel statue que le gouvernement doit reconnaître la notion de racisme systémique pour «contribuer à son élimination».

«Il est désormais inacceptable que de larges pans de notre société nient une réalité aussi bien documentée», estime Me Kamel. Le racisme et les préjugés dont Mme Echaquan a été victime «ont certainement été contributifs à son décès», conclut-on.

La mort de Joyce Echaquan serait accidentelle. La femme de 37 ans serait décédée «des suites d’un œdème pulmonaire provoqué par un choc cardiogénique dans un contexte de cœur malade» relié à «des manœuvres possiblement délétères telles que le maintien en décubitus dorsal sous contentions sans surveillance adéquate».

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