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Spins caquistes

CHRONIQUE – À charge de redite, absolument fou comment certains classiques du 20e, sinon d’avant, peuvent éclairer nos présentes lanternes. Hannah Arendt trône, comme peu d’autres, au sommet de la hiérarchie des éveilleurs.euses de conscience.

Entre plusieurs autres, ses écrits sur la frime politicienne sont jouissifs par leur lucidité et leur pérennité simultanées:

«[L]e menteur possède le grand avantage de savoir à l’avance ce que le public souhaite entendre ou s’attend à entendre. Sa version a été préparée à l’intention du public, en s’attachant tout particulièrement à la crédibilité, tandis que la réalité a cette habitude déconcertante de nous mettre en présence de l’inattendu, auquel nous n’étions nullement préparés.»

D’aucuns nieront les compétences communicationnelles du gouvernement Legault, au cœur de ses appuis quasi staliniens. Or, si tous reconnaîtront une vertu certaine au dialogue exécutif-population, reste que la propension et le talent des leaders caquistes à caricaturer adversaires et enjeux névralgiques, inquiète. Manichéisme, mensonges abrutissants et sophismes détectables par un morveux de 3e année, aucune vergogne n’appert ralentir l’électoralisme suintant de ces mêmes qui, à en juger par leur défection-éclair d’un Parti québécois et les idéaux souverainistes en perte de vitesse, semblent s’exciter du pouvoir pour un motif discutable, voire méprisable: l’orgasme de l’occuper.

Sans tomber dans la nomenclature absolue, un bref survol des meilleurs coups de gueule caquistes, d’ailleurs souvent récents, suffit à justifier ce dur constat.

Au plus fort de la catastrophe pandémique, alors que les morts en CHSLD se comptaient par milliers et que leur directeur de la Santé publique, avide de spotlight à tout crin, se livre à une succulente danse du pogo, l’un des spineux principaux se porte à la défense de Doctor-Rapper: «Les Talibans non plus n’aiment pas la danse.» En nomination, il va sans dire, pour le sophisme de l’année.

Quelques mois avant, je devais perso goûter à la médecine du Leader-Maximo-du-Spin, soit le chef de cabinet de Legault. Face à l’une de mes critiques de la loi 21, sa riposte est sans merci: «On sait bien, pour vous, le peuple est dangereux.» Euh…

Il conclut: «À part ça, vous avez juste à vous faire élire, si vous n’êtes pas content.» Comme si, évidemment, la démocratie ne pouvait que se dérouler entre deux fougères de l’Assemblée nationale. Comme si lui-même, chef de cabinet, était… élu.

D’autres bijoux, peut-être plus révélateurs:

De retour à Arendt

«Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez.»

Probablement ça, l’idée.

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