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Autochtones: la «réconciliation économique» et l’autodétermination au menu

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, Ghislain Picard

Pour les chefs autochtones, la «réconciliation économique» passe d’abord par l’autodétermination des peuples des Premières Nations ainsi que par le partage du territoire et des ressources.

C’est ce qu’ils ont laissé savoir lors du Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec, le premier sommet économique autochtone depuis 15 ans, qui a débuté jeudi et se poursuit vendredi. 

Si on entend beaucoup parler de réconciliation avec les nations autochtones, un nouveau terme émerge de ce grand rendez-vous économique, celui de la «réconciliation économique».

Les politiques coloniales du Canada, comme la Loi sur les Indiens et la création des réserves autochtones, ont réussi à détruire les économies des communautés autochtones et leur capacité à assurer un développement autonome, a déclaré d’emblée le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, Ghislain Picard. 

Mais dans un contexte de relance économique post-pandémique, les membres des Premières Nations désirent plus que jamais contribuer au développement économique. 

«Pour y parvenir, nous avons besoin d’une société prête à s’ouvrir à nous, à en connaître davantage sur nous et prête à accepter la vérité, a-t-il ajouté. Les droits reconnus par la déclaration de l’ONU sont les droits des peuples autochtones et, plus largement, notre droit à l’autodétermination et à l’autonomie gouvernementale.»

Partage des ressources et du territoire

Pour entamer une réconciliation économique, la cheffe de la communauté de Pikogan, proche de la ville d’Amos, Monik Kistabish, pense qu’il faut développer le réflexe d’intégrer les Premières Nations au cœur des entreprises, mais aussi au cœur des enjeux territoriaux.

«Il va y avoir une réconciliation économique quand il va y avoir, de la part des entreprises, du gouvernement et des organisations, une reconnaissance sincère. Il faut qu’on reçoive notre juste part des redevances et des retombées économiques des projets», a-t-elle déclaré lors d’un panel sur les conditions gagnantes d’un partenariat avec une communauté autochtone.

Chef des Pekuakamiulnuatsh (Saguenay–Lac-Saint-Jean), Gilbert Dominique partage cet avis. Selon lui, un des «piliers» de la réconciliation économique est la reconnaissance de l’appartenance au territoire. Cela comprend la relation des Autochtones avec les ressources naturelles.

«Pour nous, la réconciliation économique doit partir d’un partenariat et d’une entente sur un réel partage des ressources naturelles du territoire entre les gouvernements et nos Premières Nations. C’est un élément fondamental», a-t-il ajouté. 

Ententes de «nation à nation»

Selon les chefs autochtones, le gouvernement du Québec joue un rôle crucial dans cette réconciliation économique et dans l’inclusion des Premières Nations dans le développement économique. 

«Il faut que les gouvernements reconnaissent enfin en 2021 qu’on a deux nations qui cohabitent sur le même territoire. Donc deux nations qui doivent travailler ensemble sur la gestion de nos territoires respectifs. C’est un immense défi», a affirmé le chef Gilbert Dominique.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, explique qu’un de ses mandats clairs est de «faire des ententes nation à nation». «Ensemble, on essaie de provoquer des changements. Ça nous demande de part et d’autre de jeter du lest un peu, de mettre de l’eau dans son vin en disant qu’on va arriver à une entente», a-t-il souligné en mêlée de presse.

Il indique avoir conclu plusieurs ententes tandis que d’autres sont toujours en cours de négociation avec les Premières Nations. «Il y en a quelques-unes qu’on a priorisées. C’est le message que j’ai envoyé aux Nations unies: est-ce qu’on peut en prioriser certaines? Une fois qu’on a fait une entente de nation à nation, ça ne règle pas tout, mais c’est le début d’une nouvelle ère et le début d’un nouveau travail ensemble», a-t-il ajouté. 

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