Avec l’offensive russe qui se poursuit en Ukraine, Paule Robitaille revoit les guerres civiles qu’elle a couvertes en tant que journaliste dans les années 1990, entre autres la «campagne sauvage» de la Tchétchénie.
«C’est l’aboutissement du délire de Vladimir Poutine. Quand je regarde ça, je revois la Russie que moi j’ai laissée», confie la députée de Bourassa-Sauvé, qui a couvert la région comme pigiste pendant six ans.
À 26 ans, elle venait de quitter son emploi permanent pour Radio-Canada à Windsor pour s’installer à Moscou. Elle assiste à la chute de l’Empire soviétique, couvrant notamment les manifestations de la place Maïdan lorsque l’Ukraine accède à l’indépendance, en 1991.
«Il y avait une espèce d’euphorie. Il y avait des dizaines de milliers de personnes, se souvient-elle. Pour moi, l’invasion en Ukraine, c’est catastrophique, c’est annihiler, anéantir cet espoir.»
C’est le monde à l’envers. Poutine a décidé de redorer le blason de la grande Russie. Il a tout fait pour reconquérir le territoire perdu.
Paule Robitaille
Une «catastrophe»
Quand Vladimir Poutine a proclamé l’indépendance des régions séparatistes pro-russes, Paule Robitaille ne pensait pas qu’il irait aussi loin.
Maintenant, en regardant les images de Kyiv et Kharkiv, elle revoit la guerre en Tchétchénie. «Ce sont les méthodes employées, les mêmes tactiques. On envoie des bombes et tant pis si des civils meurent. On veut terroriser pour chasser les gens», dit-elle.
Les images de Kyiv sous les bombardements, ça me fait vraiment penser à Grozny quand j’ai couvert la guerre de Tchétchénie.
Paule Robitaille
L’Ukraine est mieux équipée, avec une armée de 200 000 soldats et l’appui de l’OTAN, selon elle. Mais elle estime que même si la Russie envahit le pays, elle pourra difficilement maintenir sa domination.
«C’est un colosse aux pieds d’argile, avec une économie qui sera affaiblie par les sanctions. Comment il va faire pour se maintenir?», demande-t-elle.
Dégâts humains
Quelle que soit l’issue du conflit, Paule Robitaille appréhende des dégâts humains importants et appelle Québec à «faire sa part» en accueillant une partie des réfugiés qui arriveront au Canada.
Au nom du Parti libéral du Québec, elle demande au gouvernement caquiste de faire pression sur Ottawa pour alléger la procédure de réunification des familles et d’entrée au pays.
Car elle entrevoit un conflit qui demeurera sanglant, mais dont la suite reste difficile à déterminer. «On est vraiment dans l’inconnu, mais ça implique des millions de personnes, sur un immense territoire. Ça a une allure de grande guerre et il ne faudrait pas que ça dégénère.»