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Guerre en Ukraine: un bien triste anniversaire

La guerre en Ukraine célèbre son triste premier anniversaire le 24 février. Photo: iStock

Un an après l’agression russe contre Kyiv, l’incertitude persiste sur l’issue d’un conflit où rien ne laisse prévoir la possibilité d’un dénouement prochain.

La guerre, ou l’opération militaire spéciale comme la surnomme Vladimir Poutine, débute dans la nuit du 24 février 2022, à un moment où les pays occidentaux croisent encore les doigts dans l’espoir qu’elle n’éclatera pas. Le Canada, qui considère la menace comme «réelle et imminente» au vu des milliers de soldats russes qui s’amassent depuis des semaines aux frontières de l’Ukraine, a déjà mis en place un plan de sortie pour ses ressortissants, avant de finalement les encourager à quitter le pays, le 11 février 2022.

Dans les jours qui suivent le début de l’invasion, des centaines de Canadiens se rassemblent à Québec et à Ottawa afin de manifester leur soutien au pays agressé. Au même moment, de dizaines de milliers d’Ukrainiens cherchent à fuir leur pays. L’Ouest se retrouve face à des vagues de réfugiés. C’est le début du plus grand exode de population depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pologne, Allemagne, République tchèque, Espagne, Italie, Angleterre… Les terres d’accueil se multiplient ici et là.

Certains Ukrainiens trouvent même refuge ici, à Montréal. Pour la plupart, on parle de femmes et d’enfants, parce que les hommes doivent rester au front pour défendre la patrie. Pour la majorité, on parle de vies brisées et à réinventer. L’ordre mondial est en pleine mutation. Massacres, pillages, viols… Retour sur le bien triste premier anniversaire d’une guerre qui s’étire à n’en plus finir.

Bye-bye guerre éclair

Alors que la majorité des experts prévoyaient une victoire sans appel de la Russie en quelques jours seulement, la prise de la capitale de Kyiv ne s’est toujours pas matérialisée. Avec le conflit qui s’étire au fil des mois, les conséquences du conflit se font vite sentir, notamment sur le plan alimentaire et énergétique en Europe.

À la fin du mois de mars 2022, le Canada réagit et décide de subvenir à une partie des besoins européens en pétrole en produisant 300 000 barils supplémentaires par jour pour combler la demande engendrée par les sanctions imposées à la Russie. Bien que peu de gouvernements souhaitent continuer à faire affaire officiellement avec Poutine, plusieurs pays restent cependant dépendants du gaz naturel russe. La menace de coupures importantes qui plane alors sur l’Europe provoque une flambée des prix du pétrole partout dans le monde et même jusqu’au Québec, où, entre avril et juin 2022, le prix du litre d’essence atteint 2,23$ par endroits.

La pression se fait aussi sentir sur le prix de l’alimentation. Le coût du blé augmente beaucoup en raison de la guerre et de l’incapacité de l’Ukraine, troisième exportateur mondial, à répondre à la demande. Cette hausse se reflète dans le prix des produits alimentaires de base, comme le pain et les céréales. Tant et si bien que les hausses de prix se remarquent chaque fois qu’on passe à la caisse au supermarché.

Le retour des massacres en Europe

Pendant les premiers mois de la guerre, la Russie apparaît victorieuse sur la plupart des fronts. Mais l’idée de s’emparer rapidement de la capitale Kyiv s’étant très vite révélée illusoire, l’armée russe redirige ses forces à l’est, où elle réalise d’importants gains territoriaux dans les régions de Louhansk et du Donetsk, deux «républiques» officieusement annexées par la Russie par la suite.

Cependant, les conquêtes russes dégénèrent bien souvent en massacres, où les corps de nombreux habitants de plusieurs villes et villages ukrainiens se retrouvent dans des fosses communes. C’est le cas pour le village de Boutcha, près de Kyiv, où la «scène de crime» a été qualifiée de «génocide» par le président Volodymyr Zelensky.

Miaux vaut vivre sans électricité et sans eau qu’avec des soldats russes.

Vitali Klitschko, Maire de Kyiv depuis 2014

Résistance et mobilisation

Après des mois passés à défendre leur territoire contre les assauts russes, les Ukrainiens rebondissent durant l’été 2022. Amorcée en août, la contre-offensive permet à l’Ukraine de reprendre plusieurs territoires dans l’est du pays. En réaction, Vladimir Poutine décrète une mobilisation partielle en septembre 2022 et recrute 300 000 civils russes pour les envoyer se battre en Ukraine. Plusieurs médias, notamment Euronews, affirment que des centaines de Russes se sont enfuis dans les pays voisins pour éviter d’avoir à combattre.

Pendant ce temps, le premier ministre du Québec, François Legault, se retrouve sur une liste de 87 personnalités canadiennes qui ne peuvent désormais plus se rendre en Russie, rejoignant ainsi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le premier ministre Justin Trudeau à titre de persona non grata du président Poutine.

Risque d’enlisement

Le 11 novembre 2022, jour du Souvenir au Canada, plusieurs politiciens de Montréal et du Québec se réunissent pour rappeler l’importance de ne pas oublier les sacrifices faits par les générations précédentes. Cette célébration apparaît d’autant plus grave et solennelle du fait que le conflit en Ukraine continue à s’enliser et que la menace d’une guerre qui excède ses frontières pèse de plus en plus. Même le premier ministre François Legault ne peut s’empêcher de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : «Malheureusement, lorsqu’on regarde ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine, il est difficile de ne pas penser à ce qui pourrait nous arriver en cas de guerre.»

Pendant ce temps, l’armée ukrainienne se débat de toutes ses forces pour reprendre petit à petit possession de villes, comme Kherson, qu’elle avait perdues aux mains des Russes. Pendant ce temps, les lignes de front se stabilisent avec l’hiver qui s’installe et qui rend les déplacements des troupes et des équipements plus difficiles.

Chars d’assaut et d’espoir

Janvier 2023, le Canada annonce l’envoi de quatre chars Leopard 2 en Ukraine dans une tentative de soutenir le David ukrainien dans son combat mortel contre le Goliath russe. Une goutte d’eau dans l’océan, peut-être, mais il s’agit tout de même de quatre véhicules blindés qui s’ajouteront aux puissants tanks modernes fournis par les alliés de l’Ukraine dans l’espoir de renverser le cours de l’histoire au moyen de grandes contre-attaques printanières. Ce qui laisse malheureusement présager de durs combats à venir au cours des prochains mois et une plus grande encore mobilisation de la part de la Russie en réaction à l’envoi de plus en plus d’équipements militaires occidentaux en Ukraine.

Un an… ou neuf ans de guerre?

Dans la foulée des contre-attaques ukrainiennes entre août et octobre 2022, une explosion survient le 8 octobre 2022, détruisant partiellement le pont de Kertch, reliant la Crimée à la Russie continentale. Bien que l’Ukraine ne revendique pas cette explosion, les représailles de la Russie seront particulièrement agressives. Ce pont, inauguré en 2018, est pour plusieurs la démonstration de la victoire russe après le premier conflit entre l’Ukraine et la Russie en 2014. La Crimée a été annexée par la Russie après sa victoire, ce qui explique pourquoi cette péninsule de la mer Noire est importante pour les deux camps dans la guerre actuelle. Depuis 2014, plusieurs Ukrainiens estiment que la guerre ne s’est jamais réellement terminée, et que le pont de Kertch est une preuve concrète des tensions entre les deux belligérants. Il est donc à se demander si on souligne cette semaine un an de conflit ou plutôt neuf ans de guerre.

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