Ottawa accorde un financement de 41,8 M$ au gouvernement du Québec pour lutter contre la violence armée dans la province. Une somme non récurrente qui s’étale sur cinq ans, issue du fonds pour bâtir des communautés sécuritaires, évalué à 250M$.
«Ce financement servira à soutenir les programmes de prévention contre les armes à feu des municipalités et dans les communautés autochtones, là où les besoins sont les plus grands», a indiqué Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique.
Il faut continuer d’investir dans les initiatives locales et communautaires qui permettent aux jeunes de s’épanouir et de mener une vie à l’écart du crime et de la violence liée aux armes à feu.
Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique
M. Mendicino a rappelé la récente proposition de loi fédérale C-21 qui vise à limiter l’accès aux armes à feu. Elle comprend entre autres le gel national de la vente d’armes de poing et plusieurs mesures pour lutter contre le trafic illégal et la contrebande d’armes.
«Nous savons tous que même si [on] renforce nos frontières, cela ne suffit pas. Nous devons arrêter la criminalité armée avant qu’elle ne commence. Toute solution à la violence doit comprendre des efforts de prévention et d’intervention», a souligné M. Mendicino.
Appuyer des initiatives communautaires
La répartition et l’utilisation de cette somme seront décidées par le gouvernement du Québec. «Il appuiera des initiatives communautaires [pour travailler] sur les causes profondes» de la violence armée.
Le ministre du Patrimoine canadien et le lieutenant fédéral pour le Québec, Pablo Rodriguez, était présent dans sa circonscription lors de l’annonce. Il a souligné l’importance «[d’]utiliser l’expérience des organismes locaux», comme Équipe RDP. Cet organisme vise à prévenir la marginalisation en œuvrant auprès des jeunes vulnérables de Rivière-des-Prairies.
L’enjeu est économique avant tout, a rappelé l’intervenant communautaire d’Équipe RDP, Riguerre Antoine. «Nous attendons de la part du Québec et de Montréal qu’ils prennent leurs responsabilités», a-t-il lancé. Les enjeux d’accès à la santé ou au logement participeraient grandement à la tentation de rejoindre des gangs de rue.
On fait ce travail [de prévention] depuis 25 ans. Il y a des jeunes qui passent à travers les filets du système. Certains – malgré les efforts qu’on a faits, les organismes, les écoles, les parents – ont pris chemin dans la rue.
Riguerre Antoine, intervenant communautaire à Équipe RDP
En s’adressant aux journalistes présents dans la salle, ce dernier a déclaré qu’ils faisaient partie de la solution, tout comme l’industrie du cinéma. Les deux «nourrissent un narratif», qui alimente cette violence, selon lui. «Nous, on fait un travail de terrain. Pendant que je m’adresse à vous, je ne m’occupe pas d’un jeune. […] Chacun doit prendre une part», a-t-il insisté.
Dans un quartier où les gangs de rue sont ancrés
Comme si l’endroit n’avait pas été laissé au hasard, le ministère fédéral de la Sécurité publique a choisi de faire cette annonce à la bibliothèque de Rivière-des-Prairies. C’est devant ce lieu, à l’intersection de la rue Rodolphe-Forget et du boulevard Perras, que des coups de feu avaient résonné en plein jour le 8 juin dernier.
Depuis 2020, 45 événements impliquant des armes à feu ont été recensés dans ce quartier du nord-est de Montréal. Un chiffre qui reflète la violence armée dans le nord-est de l’île. En y ajoutant les données des arrondissements voisins de Montréal-Nord et Saint-Léonard, on atteint 126 événements.
«On a une vraie problématique [d’émergence de] groupes criminalisés», reconnaissait Éric Breton, commandant du poste de quartier (PDQ) 45, auprès de Métro le 23 juin dernier. L’origine de ce «crime désorganisé» résiderait dans la «facilité à se procurer des armes à feu», selon le policier.
Geneviève Guibault, ministre de la Sécurité publique du Québec, devait être présente pour cette annonce, mais n’a finalement pas pu venir sur place.