Il y aura un an samedi que s’ouvraient à Vancouver et à Whistler les deuxièmes Jeux olympiques d’hiver en sol canadien. Si l’organisation de l’événement a entraîné des coûts faramineux, la région semble profiter de belles retombées touristiques… mais pour encore combien de temps?
Près d’un an après l’ouverture des 21e Jeux olympiques d’hiver, on attribue, autant à Vancouver qu’à Whistler, une médaille d’or aux organisateurs pour les retombées touristiques. Alors que certains s’offusquaient des dépenses reliées à l’événement, le Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver (COVAN) répondait qu’il s’agissait «d’un investissement touristique extraordinaire».
Côté marketing, trois milliards de personnes dans le monde qui, pendant 17 jours, regardent une destination à la télévision, ça n’a pas d’équivalent. Le plus grand héritage des Jeux est d’avoir légué à Vancouver une image de marque, selon Walt Judas, vice-président marketing pour Tourisme Vancouver. «Londres, Paris, New York ou même Montréal sont des grandes villes auxquelles on associe facilement des images: dans le monde, elles ont un statut, ce que Vancouver n’avait pas. Assurément, les Jeux olympiques nous ont aidés à construire cette image dont nous avons besoin», explique-t-il.
Bien qu’il n’y ait pratiquement plus de traces du passage olympique dans la ville, les touristes, surtout des Américains, viennent désormais à Vancouver parce qu’ils sont curieux de la voir «en vrai». En 2010, Vancouver a accueilli 7 293 000 visiteurs, une augmentation de près de 4 % par rapport à 2009, année qui avait souffert de la crise économique. Et 2011 devrait être une année record pour les voyages d’affaires, qui sont, à Vancouver, beaucoup plus nombreux qu’avant.
Les retombées des Jeux se font même sentir dans les restaurants, où on observe un achalandage nettement plus important qu’avant. «Des athlètes sont venus manger ici, le bouche-à-oreille a fait son travail, les concierges des nouveaux hôtels nous recommandent, et plusieurs médias étrangers ont parlé de nous : depuis un an, le restaurant est toujours plein», affirme fièrement Terry Hayashi, gérant du restaurant Raincity Grill, qui a pignon sur rue dans le centre-ville depuis près de 20 ans. Même son de cloche au Chambar, un pub belge branché désigné par Tourisme Vancouver comme un des restaurants ayant accueilli le plus d’athlètes.
Si la vague touristique provoquée par les Jeux olympiques reste bel et bien présente, il sera temps, après le premier anniversaire de l’événement, de passer à autre chose, affirme Walt Judas. «Nous savons que la « fenêtre touristique » que procurent les Olympiques va diminuer peu à peu, jusqu’aux prochains Jeux, à Londres.»
Malgré tout, il reste optimiste puisque, selon lui, la notoriété que procurent des Jeux ne disparaît jamais. «Une ville-hôte le reste pour toujours, et ce sera à nous de continuer à profiter de la visibilité que les Jeux nous ont procurée tout en attirant les touristes par d’autres moyens», conclut-il.
Whistler sur la map
Du côté de Whistler, site officiel des compétitions de ski alpin et de bobsleigh, on estime que les Jeux ont augmenté de façon significative le nombre de personnes qui connaissent désormais l’existence de la ville. «Depuis les Jeux, les gens sont curieux, ils veulent voir la montagne», observe Kerry Duff, responsable des commu-nications pour Tourisme Whistler. Cette année, de nombreux Européens ont d’ailleurs fait un tour dans les nouvelles gondoles Peak 2 Peak, qui relient les montagnes de Whistler et de Blackcomb.
Pas d’éléphants blancs à Vancouver
En plein milieu de semaine, presque un an après les Jeux, l’immense bâtiment de Richmond qui accueillait les épreuves de patinage de vitesse grouille de vie. Un groupe d’écoliers utilise la patinoire, des jeunes jouent au basketball et des sportifs s’entraînent sur les appareils du deuxième étage.
Situé à quelques minutes de Vancouver, l’Anneau olympique a été converti en centre multisports après les Jeux. Les résidants ont accès à une patinoire, à une piste de course, à de nombreux plateaux sportifs et à des salles de cours. On voulait que l’endroit compte 3 000 membres d’ici 2013. Moins d’un an après les Jeux, cet objectif a déjà été dépassé. «Le réel défi pour une ville-hôte, c’est de réussir sa période postolympique, estime Walt Judas, vice-
président marketing pour Tourisme Vancouver. Nous avons cherché à prévoir l’avenir des installations et à penser à la façon de les rendre utiles aux citoyens après l’événement.»
Si certains sites existaient déjà, d’autres ont été construits pour l’occasion. Et tous servent désormais les citoyens. C’est sans parler des événements sportifs d’envergure que peut désormais accueillir la ville grâce aux infrastructures et à la nouvelle ligne de métro qui relie l’aéroport à Vancouver, en passant par Richmond.
Dans Hillcrest Park, le Centre olympique de Vancouver, a aussi réussi son «après-Jeux». Le nouveau bâtiment, qui accueillait les compétitions de curling, a été converti en centre multirécréationnel. À 90 minutes de Vancouver, on accède au Parc olympique de Whistler par une route sinueuse qui traverse la forêt. En février dernier, c’est là qu’avaient lieu les compétitions de biathlon, de ski de fond, de saut à ski et de combiné nordique. Après les Jeux, plusieurs modifications ont été apportées au site afin de le rendre accessible aux citoyens. Les amateurs peuvent silloner plus de 90 km de pistes de ski de fond.
En plus des équipes professionnelles qui se rendent sur les lieux pour leurs entraînements, l’endroit reçoit des groupes scolaires et des familles des environs. Cet hiver, l’endroit prévoit accueillir 25 000 visiteurs, dont 85 % proviennent de la région. Les Olympiques ont aussi incité les Britanno-Colombiens à se mettre au sport, croit John Heilig, gérant du Parc olympique de Whistler. «Les gens ont vu à la télévision les meilleurs athlètes performer tout près d’où ils vivent… C’était inspirant.»
À Vancouver et à Whistler, notre collaboratrice a été accueillie par la chaîne Coast Hotels & Resorts.