Les habitués de l’autoroute 20, les amateurs de kitch, les enfants passionnés de dinosaures et Normand L’Amour sont en deuil. Le célèbre restaurant Madrid, qui égaye les virées Montréal-Québec depuis plus de 50 ans, sera démoli après la Fête du travail.
Au printemps, le site accueillera une nouvelle halte routière. Il aura fallu un an au promoteur Immostar pour en venir à une entente avec la famille Arel, propriétaire du Madrid depuis 25 ans. Immostar lui versera 4 M$ et devrait investir 4 M$ supplémentaires sur le site d’ici le printemps 2012, moment où le Madrid version 2.0 sera officiellement inauguré.
André Pelchat, le président d’Immostar, a indiqué avoir planché sur un scénario qui aurait permis de conserver l’actuel Madrid, mais l’état de l’édifice aurait rendu sa réalisation impossible.
«On a essayé par tous les moyens de garder la bâtisse, a affirmé M. Pelchat. Mais elle ne répond plus aux codes du bâtiment. En plus, la capacité portante du terrain cause problème. On en est venu à la conclusion qu’on ne pouvait pas garder le Madrid.»
Le nom, connu de tous, survivra à la démolition du restaurant. Les dinosaures seront également conservés et intégrés à une nouvelle aire de jeux. Les camions Big Foot, eux, ne feront plus partie du décor au terme de la transition. «Ils n’ont aucune valeur», a expliqué André Pelchat.
Pour Julie Arel, qui est devenue propriétaire du restaurant en 2002, succédant à ses parents qui avaient acquis l’endroit en 1987, la fin du Madrid est synonyme à la fois de nostalgie et d’espoir.
«Je suis fière d’avoir passé les 25 dernières années ici, a-t-elle soutenu, dimanche. La dernière journée de travail risque d’être très émotive, mais je suis contente de pouvoir passer à autre chose. Je suis avant tout une mère de famille. Le restaurant me forçait à travailler les fins de semaine et les jours fériés. J’aurai désormais moins de stress et plus de temps à passer avec mes deux enfants.»
La nouvelle de la fermeture et de la démolition du Madrid s’est répandue comme une traînée de poudre ce week-end. Les clients du restaurant ont déjà commencé à affluer. Mme Arel s’attend à un été fort occupé.
«Les deux derniers mois seront intenses, a estimé la propriétaire. C’est incroyable le nombre de gens qui sont venus en fin de semaine. On dirait que les gens pensent qu’on va fermer demain matin! Plusieurs clients sont nostalgiques. Ils arrivent avec des histoires, avec leurs souvenirs, comme ce client qui se rappelait sa nuit de noce passée au Madrid.»
Confiante que le projet d’Immostar répondra aux besoins de la clientèle et qu’il saura faire honneur au Madrid, Julie Arel quittera l’esprit en paix. «Il y a plusieurs restaurants sur l’autoroute 20 qui ont fermé et qui sont en mauvais état aujourd’hui, a-t-elle rappelé. Moi, je pars en sachant que le Madrid restera beau.»
Immostar espère que sa nouvelle halte routière fera doubler l’achalandage du Madrid. Présentement, de 600 à 700 voitures s’y arrêtent chaque jour, selon André Pelchat, alors que 30 000 véhicules passent quotidiennement devant le restaurant.
