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Ellen Page avait quelque chose d’important à dire

Vendredi, par un beau soir de Saint-Valentin, la jeune actrice Ellen Page est sortie de la garde-robe. «Je suis gaie», a-t-elle confié, la voix tremblotante, après avoir livré un inspirant discours devant une assemblée de jeunes LGBT et de militants pour les droits humains.

Plusieurs se demandent: un coming out en 2014, est-ce nécessaire? Bien sûr, on rêverait tous que ça ne le soit pas.

Que personne ne soit par défaut présumé hétérosexuel. Ultimement, on voudrait même ne pas avoir à s’identifier en fonction de son orientation sexuelle. Après tout, ne devrions-nous pas simplement tomber amoureux d’humains, quel que soit leur sexe? Mais la vie n’est pas une utopie et, encore aujourd’hui, être homosexuel, c’est être différent de la majorité. Et cette différence, non visible, vient avec un lot de complications qu’il peut être difficile pour une personne hétérosexuelle de s’imaginer. C’est ce qui ressort du message d’Ellen Page.

On a beau se péter les bretelles en se disant plus ouverts que les Russes et plus civilisés que la majorité des peuples musulmans à l’égard des différences sexuelles, il n’en demeure pas moins que l’homosexualité demeure perçue négativement dans bien des domaines. Et même quand des alliés de la cause LGBT font une campagne pour montrer que l’homosexualité n’est pas une maladie qui s’attrape, ils semblent heureux de ne pas l’avoir attrapée, en fin de compte. Une maladresse qui témoigne de l’incompréhension parfois subtile qui accompagne l’enthousiasme des alliés de la cause LGBT. Et qui explique qu’on en vienne à la conclusion que faire un coming out, en 2014, y a rien là: on est tellement ouverts, oubliant tous les facteurs personnels qui entrent dans la balance.

Pour comprendre l’enjeu du coming out d’Ellen Page, il faut se rappeler que la comédienne a été connue du grand public alors qu’elle incarnait le rôle titre dans Juno à l’âge de 20 ans. À 20 ans, non seulement peut-on être hésitant à révéler publiquement son orientation sexuelle, mais il se peut aussi qu’on ne soit même pas fixé à 100 % sur la question. Et si vous avez le casting de jeune première d’Ellen Page, cela peut s’avérer aussi compromettant pour votre avenir que pour celui d’un joueur de hockey. Après tout, s’il y a une chose sur laquelle vous n’avez pas de contrôle, c’est la perception qu’auront les gens de votre capacité à incarner l’hétérosexualité. Si c’était si facile de faire son coming out, aucune personnalité publique ne serait dans la garde-robe. Et Dieu sait que ce n’est pas le cas.

Mais ce que j’ai aimé du discours d’une dizaine de minutes d’Ellen Page, c’est qu’elle ait expliqué comment on pouvait se sentir quand on est dans la garde-robe. «Je suis tannée de mentir par omission», a-t-elle dit. Ça, je ne sais pas si quelqu’un qui, pensant bien faire, dit «on s’en fout avec qui tu couches» peut le comprendre.

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Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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