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Du discours à l’action

C’est un discours d’ouverture-fleuve sans grande surprise qu’a prononcé le nouveau premier ministre Philippe Couillard cette semaine. «Au cours des dernières années, nous avons débattu de mesures ponctuelles sous un gouvernement et un autre, mais les vraies réformes ont été repoussées parce que ce Parlement était divisé. Ce qui aurait été souhaitable il y a 15 ans, ce qui aurait été nécessaire il y a 10 ans devient aujourd’hui une urgence.» L’inaction du gouvernement serait donc la faute du Parlement, selon le nouveau premier ministre… Un petit rappel s’impose.

Ce n’est pas d’hier que le Québec parle du besoin de revoir les bases de ses finances publiques. Déjà en 1996, sous la gouverne de Lucien Bouchard, on adoptait la loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire. Le Sommet sur l’économie et l’emploi était organisé de manière à assurer une cohérence avec les différents acteurs clés.

En 2003, le gouvernement Charest était porté au pouvoir avec un mandat de réingénierie de l’État. Une approche abandonnée après quelques mois sous la pression populaire. Jusqu’en 2009, les gouvernements qui se sont succédé sont parvenus tant bien que mal à balancer le budget sans toutefois contrôler la dette.

Selon les données du ministère des Finances, la dette brute devrait s’élever à 198 448 M$ au 31 mars 2014, ce qui équivaut à 54,3 % du PIB. Elle était de 76 G$ en 1995-96 et représentait alors 43 % du PIB. Nette ou brute, la dette plombe la capacité d’agir du gouvernement, qui doit verser bon an mal an 8 G$ d’intérêts.

Aujourd’hui, on parle de l’urgence d’agir. Tous s’entendent pour dire qu’il faut mettre en place un mécanisme de révision systématique des programmes. Cette mesure figurait d’ailleurs dans le budget Marceau. Cette pratique existe depuis quelques années au niveau fédéral et vise à accroître l’efficience et l’efficacité. Mais ce n’est pas magique, car même les programmes jugés inefficaces trouvent leurs défenseurs.

Contrôler les finances publiques du Québec ne représente pas un caprice. Cela ne doit pas non plus être fait par dogmatisme, mais bien par nécessité de se donner une liberté dans nos choix et, surtout, d’assurer la pérennité des services. Le gouvernement Couillard ne doit pas prétendre réinventer la roue.

Cette fois, les Québécois disent qu’ils sont prêts. Selon un récent sondage Leger, près du trois quarts de la population se dit d’accord que le gouvernement réduise les dépenses tout en maintenant les taxes et les impôts à leur niveau actuel. Ce n’est vraiment qu’à l’occasion du discours du budget et de l’étude des crédits que nous saurons de quoi il en retourne. Et jusqu’à quel point gouvernement et citoyens seront prêts à passer du discours à l’action.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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