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Des médecins dénoncent le projet de loi 20 de Gaétan Barrette

Loin de régler les problèmes d’accès aux médecins de famille, le projet de loi 20 du ministre de la Santé Gaétan Barrette, qui leur imposerait des quotas de patients à prendre en charge, causera d’autres problèmes majeurs, soutient le groupe Médecins québécois pour le régime public (MQRP).

D’après une évaluation de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le quota imposé serait d’environ 1 000 patients pour un omnipraticien qui accomplit 12 heures de travail par semaine dans le système hospitalier.

C’est très près de la moyenne canadienne, qui est d’entre 1000 et 1500 patients à charge par médecin, selon la présidente du MQRP, Dre Isabelle Leblanc. La différence, c’est que les médecins du reste du Canada n’ont pas à travailler dans un hôpital. Au Québec, les médecins omnipraticiens possédant moins de 15 ans d’expérience doivent travailler au moins 12 heures dans le système hospitalier.

Résultat: on imposera un «travail à la chaîne» aux médecins omnipraticiens si on va de l’avant avec ce quota, selon Dre Leblanc.

«[Pour réussir à remplir leurs quotas], les médecins vont avoir peur de prendre des patients trop malades, qui vont leur prendre trop de temps», juge-t-elle.

L’imposition d’un taux d’assiduité, qui est sensé garantir au patient l’accès à son médecin de famille, viendra exacerber le problème, selon la FMOQ. Si plus de 20% de ses patients pris en charge ont recours à un autre médecin ou visitent l’urgence, le médecin de famille verra son revenu amputé. Cette pénalité peut atteindre jusqu’à 30% de son revenu.

«Un patient plus malade va avoir plus de chance de devoir aller à l’urgence ou aller voir un autre médecin, et ça va pénaliser les médecins de famille qui les prennent en charge, explique Dre Leblanc. Nous pensons que les médecins auront donc tendance à prendre en charge des patients qui sont en bonne santé et qui n’ont pas vraiment besoin de médecin.»

La patients souffrant de problèmes de santé chroniques se retourneront alors vers le système hospitalier, pense-t-elle. «Plus personne ne voudra les prendre en charge, parce que ça va diminuer leur moyenne au bâton, et donc leur rémunération», laisse tomber Dre Leblanc.

La FMOQ s’attend à ce que ces dispositions rendent le métier de médecin de famille encore moins intéressant pour les étudiants en médecine. À l’heure actuelle, entre 30% et 35% d’entre eux choisissent l’omnipratique, alors que ce taux devrait être entre 40% et 45%.

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